7:36 pm - 18 juin, 2025

Le rapport 2023 du Secrétariat technique du Comité national de suivi du contenu local (ST-CNSCL) continue de faire des vagues.

Dans une interview exclusive accordée à La Tribune, Kader Koma, contrôleur agréé d’accessoires de levage et ancien contremaître des opérations sur le projet Sangomar de Woodside, dénonce une série de dysfonctionnements majeurs dans la gestion du contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Sénégal.

Selon Kader Koma, les données avancées dans le rapport du ST-CNSCL posent un sérieux problème de transparence. « On parle de milliards de FCFA en contrats, de milliers d’emplois créés, mais sans la moindre indication sur les bénéficiaires effectifs », affirme-t-il. Une absence d’indicateurs vérifiables qui, selon lui, mine la redevabilité de l’institution censée incarner la bonne gouvernance dans le secteur.

« Chaque année, en février, les entreprises soumettent elles-mêmes le nombre d’heures de formation dispensées. Le CNSCL s’en contente sans jamais vérifier sur le terrain », déplore Koma.

Pour Kader Koma, le contenu local ne doit pas être une formule incantatoire. Il rappelle qu’il s’agit d’un outil stratégique pour garantir que les populations bénéficient réellement de l’exploitation des ressources naturelles. Mais selon lui, cette ambition est aujourd’hui détournée : « Le contenu local est devenu un alibi pour des montages opaques, où seuls les initiés profitent. »

La direction de SSB, elle, est également pointée du doigt. M. Koma accuse le premier directeur, Ali Issa, d’avoir favorisé sa propre entreprise ISTAMCO dans l’attribution de marchés.

« Le directeur ressources humaines de ISTAMCO était aussi celui de SSB. Il a fait recruter ses proches. C’est un conflit d’intérêts flagrant. » D’après la même source, des marchés ont également été attribués à Dakar Offshore et Maritalia, tous membres du COSENI. Les employés, quant à eux, subissent les conséquences : salaires de misère, absence de couverture médicale, et aucune perspective de promotion malgré des diplômes de niveau Bac+.

Selon la même source, alors que les jeunes formés par ASCO pour diriger les opérations représentaient un espoir, six d’entre eux ont été licenciés pour des raisons de « pression de trésorerie ». Pendant ce temps, SSB continue de collaborer avec des expatriés et de maintenir son contrat avec ASCO. « C’est un paradoxe choquant », s’indigne Kader Koma, qui annonce une plainte contre SSB pour violation de la loi sur le contenu local. Un rapport confidentiel a déjà été transmis au ministère du Pétrole, au Premier ministre et au Président de la République.

Dans un message solennel, Kader Koma appelle l’État à renforcer le contrôle sur les entreprises extractives et à revoir l’architecture du CNSCL, jugé inefficace dans sa configuration actuelle.

Il affirme son soutien au nouveau directeur de la SOMISEN, qu’il juge capable de remettre de l’ordre. Enfin, face aux menaces reçues, il conclut avec détermination : « Je n’ai pas peur. Je ne reculerai pas. »

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