Invité du Grand Jury de la RFM ce dimanche, le professeur Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, a livré une analyse critique du paysage médiatique sénégalais. Pour lui, l’espace public est aujourd’hui miné par le désordre et l’absence de régulation.
« Il y a une véritable pagaille dans l’espace médiatique. Beaucoup de chroniqueurs, sans formation, passent leur temps à insulter ou à défendre des camps politiques. Cela n’a rien à voir avec le rôle que doit jouer la presse dans une démocratie », a dénoncé le Pr Diaw.
Le chercheur déplore la prolifération de chroniqueurs improvisés qui alimentent, selon lui, la confusion et les tensions politiques.
« Tout le monde s’improvise chroniqueur. On assiste à des injures et à des attaques personnelles au lieu d’un débat d’idées. Cela crée des dérapages qui mènent parfois à des poursuites judiciaires », a-t-il regretté.
Face à cette situation, le politologue appelle à une réforme en profondeur du cadre juridique et institutionnel qui encadre la presse.
« Il faut instaurer un dialogue entre les autorités, les responsables des médias et les organes de régulation pour mieux encadrer la liberté d’expression, sans la transformer en liberté d’insulter », a-t-il préconisé.
Pour le professeur de l’UGB, la réforme de la loi sur la presse doit également tenir compte des mutations liées aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies.
« Il faut réorganiser le système médiatique, instaurer des règles claires et permettre aux médias de jouer pleinement leur rôle d’éducation citoyenne et de régulation du débat démocratique », a-t-il conclu.
Lire l’article original ici.