12:57 pm - 22 octobre, 2025

Dans une tribune publiée par nos confrères de Sud Quotidien, Chérif Salif Sy livre une analyse sur la mission fondamentale de l’école élémentaire. Il y défend l’idée que celle-ci doit demeurer le « berceau des humanités » plutôt que de se transformer en une « fabrique à métiers » soumise aux impératifs économiques immédiats.

Selon Chérif Salif Sy, orienter l’éducation primaire vers l’employabilité constitue une « erreur stratégique majeure », car cela reviendrait à sacrifier la souveraineté intellectuelle future du pays sur l’autel de besoins économiques fluctuants. Il soutient que le rôle premier de l’école est de former l’esprit critique et de doter l’enfant des outils de la pensée. Pour lui, l’apprentissage de la langue, des mathématiques ou de l’histoire ne doit pas être perçu sous un angle purement utilitaire, mais comme le fondement de la liberté de penser. « La langue n’est pas seulement un moyen de communication », écrit-il, mais la matière même avec laquelle « le penseur travaille ».

L’auteur met en garde contre l’importation de la logique de l’entreprise, de la rentabilité et de la spécialisation précoce dans le système éducatif. Il estime que cette approche risque de créer des « spécialistes unidimensionnels, techniquement compétents mais culturellement et éthiquement aveugles ». Une telle vision, selon lui, réduit l’individu à sa future fonction économique et néglige sa dignité, qui réside dans sa capacité à penser, juger et agir en tant que citoyen. Cette formation citoyenne est d’ailleurs au cœur de plusieurs initiatives, comme celle visant à promouvoir l’esprit civique et les valeurs patriotiques auprès des jeunes élèves à Sédhiou.

Chérif Salif Sy lie directement la nature de l’éducation à la souveraineté nationale. Il affirme qu’un « pays qui ne fabrique pas ses propres cadres de pensée, qui importe ses concepts […] est un pays dépendant ». L’école primaire humaniste serait ainsi le lieu décisif où se prépare la capacité d’un peuple à penser par lui-même. Il appelle à former les futurs « architectes de la souveraineté », qu’il s’agisse de législateurs, de diplomates ou de citoyens éclairés, capables de comprendre les enjeux et de demander des comptes.

En conclusion de sa réflexion, il lance un appel à la mobilisation des décideurs, des enseignants et des parents pour une « pédagogie de la souveraineté ». Il préconise une révision des programmes pour se concentrer sur les fondamentaux des humanités et une revalorisation de la formation des enseignants. Pour Chérif Salif Sy, le choix est clair : soit former « des générations techniquement compétentes mais intellectuellement assistées », soit parier sur des citoyens éduqués « à penser par eux-mêmes ».

Lire l’article original ici.

Suivez l'actualité sénégalaise en temps réel avec l'appli Senego.com disponible sur Android et iOS.

© 2025 Le Quotidien. Tous droits réservés. Réalisé par NewsBlock.
Exit mobile version