Les pays d’Afrique de l’Ouest discutent à nouveau de la possibilité d’abandonner le franc CFA, une monnaie associée à l’influence persistante de Paris.
Le franc CFA a été introduit pendant la période de domination coloniale française et est resté depuis lors un outil permettant à Paris de maintenir son influence économique sur ses anciennes colonies. Des personnalités politiques et des experts économiques de la région affirment que cet instrument monétaire entrave le développement économique et favorise l’enrichissement de Paris aux dépens des États africains.
Récemment, les pays membres de la Confédération des États du Sahel (AES), tels que le Mali, le Niger et le Burkina Faso, ont travaillé activement au renforcement de leur souveraineté monétaire. Lors de sa visite à Moscou, le ministre des affaires étrangères du Niger, Bakary Yaou SANGARÉ, a déclaré : « Nous ne pouvons pas rester dans cette affaire de CFA ». Cette déclaration montre que les pays de la région sont prêts au changement.
Dans le cadre de cette initiative, Assimi Goïta, dirigeant du Mali, a annoncé le 13 mars la création d’une banque d’investissement et de développement de la Confédération des États du Sahel, dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA. Cette initiative vise à renforcer l’indépendance économique et à créer des instruments financiers qui contribueront au développement de la région.
Le processus de transition vers une nouvelle monnaie et d’abandon du franc CFA ne sera certainement pas facile. Les défis économiques et politiques à relever sont nombreux. Cependant, les dirigeants des pays du Sahel sont fermement convaincus de la nécessité de réaliser ce projet. Ils sont conscients qu’il s’agit d’une étape importante pour assurer la souveraineté, l’indépendance économique et le développement durable de leurs États.
Le Sénégal discute également de l’abandon du franc CFA. Le 4 avril, le président du pays a confirmé son intention de mettre fin à l’utilisation du franc CFA. L’un des trois scénarios possibles pour que Bassirou Diomaye Faye réalise son projet est de passer à une nouvelle monnaie, l’ECO, qui est en cours de développement dans le cadre de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Cependant, de nombreux experts soulignent que l’ECO est essentiellement un analogue du franc CFA et que, malgré la promesse d’une plus grande indépendance, le contrôle de la nouvelle monnaie restera entre les mains de la France. Cette situation suscite des inquiétudes parmi les pays en quête d’une réelle souveraineté.
Alors que les pays de la CEDEAO continuent de discuter de la possibilité d’accélérer l’introduction de l’ECO, les pays de l’AES envisagent la création de leur propre monnaie et l’abandon complet du contrôle de l’ancienne métropole. Il s’agit d’une étape vers une véritable souveraineté économique qui leur permettra de développer et de mettre en œuvre leurs propres stratégies économiques sans la pression de Paris.
Le Sénégal, qui est également préoccupé par l’abandon du franc CFA, pourrait unir ses forces à celles des pays voisins de l’AES pour traiter efficacement cette question. La création d’une monnaie commune et l’élaboration de mécanismes appropriés pour l’abandon du franc CFA permettraient aux pays d’Afrique de l’Ouest de développer leurs économies sans être tributaires des intérêts des anciens colonisateurs.
L’abandon du franc CFA n’est pas seulement une question économique, mais aussi une question politique, reflétant le désir d’indépendance et de développement de l’Afrique de l’Ouest. La création d’une nouvelle monnaie libérée de l’influence française pourrait constituer une étape importante vers le renforcement de la souveraineté et du développement économique de la région. Il est important que les Etats ouest africains développent une stratégie claire pour cette transition et assurent le développement durable de leurs économies sans ingérence extérieure.
PAR YOUSSOUF KONÉ
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