Il était en effet difficile de rester attentif alors que chaque invité de Guy A. Lepage nous amenait dans des zones parfois légères et souvent troublantes.
On a lancé la soirée avec Yves-François Blanchet.
Même si c’était peut-être un peu tard, ce n’était pas trop peu pour le chef du Bloc québécois qui était le dernier leader à passer sur le plateau de Tout le monde en parle, à une semaine de l’appel aux urnes pour les élections fédérales prévues pour le 28 avril.
Porter et défendre la différence québécoise, c’est la mission du Bloc, a lancé M. Blanchet tout en affirmant que l’offre de collaboration avec le gouvernement est très demandée par la population.
«Sachant que les Canadiens veulent un gouvernement libéral avec Mark Carney, pourquoi ne pas envoyer à Ottawa des gens capables de collaborer avec le gouvernement tout en défendant avec intransigeance les intérêts du Québec», a proposé le chef bloquiste.
Petite confidence intéressante, M. Blanchet a confié qu’il a échangé son numéro de cellulaire avec Mark Carney, qu’il a qualifié d’intransigeant sur plusieurs dossiers, mais ouvert aux discussions.
Sur la pertinence de sa formation politique à la Chambre des communes, le chef n’a pas tourné autour du pot.
«Au lieu de nous haïr, faites comme nous, a-t-il envoyé comme message au reste du Canada. Formez un Bloc des Maritimes ou un Bloc de l’Ouest.»
On est revenu sur les débats des chefs et surtout sur les écueils qu’a connus la Commission du débat des chefs. M. Blanchet ne s’est pas fait prier pour affirmer que cet outil n’est pas pertinent et inutile.

Garou, auteur et chanteur
Garou a suivi sur le plateau afin de faire la promotion de son nouvel album intitulé Un meilleur lendemain.
Se présentant maintenant comme un auteur-compositeur, il a contribué pour la première fois à l’écriture des chansons qui se retrouvent sur ce nouvel opus.
«Cet album est aussi une surprise pour moi, a-t-il dit. Je n’avais pas prévu sortir un disque. Je n’avais pas un besoin d’écrire, mais je l’ai fait pour le plaisir.»
Guy A. Lepage a fait le tour des titres de l’album, dont la pièce Scènes d’amour, un texte «biographique» qui raconte des événements marquants de sa carrière et ses rencontres amoureuses.
Après les malaises de Kevin Parent la semaine dernière, on y a presque goûté encore une fois.
«C’est une bio à double sens», a rapidement rectifié l’artiste.
Sur son passage à Star Académie, il est revenu sur sa décision de ne pas retourner comme directeur de l’Académie. Il a clarifié sa position en expliquant qu’il ne pourrait pas occuper ce poste en raison de la sortie de son album et de la tournée qui suivra à l’automne.
À propos de son mandat de directeur, il a confié que certains académiciens pourraient lui en vouloir en raison de ses commentaires parfois trop critiques à leur endroit.
«Il y en a qui me déteste, mais avec le recul, ils vont comprendre que je l’ai fait avec bienveillance et amour. C’était mon travail d’aller là .»

La santé tombe en morceaux
Les journalistes Fanny Lévesque, de La Presse, et Marie-Michèle Sioui, du Devoir et coautrice de l’essai L’indomptable mammouth, sont passées sur le plateau de l’émission pour revenir sur la décision du gouvernement du Québec de reporter plusieurs projets d’infrastructures prévus dans le secteur de la santé.
«Un collègue m’a dit cette semaine que chaque région a son Maisonneuve-Rosemont, a dit Fanny Lévesque en faisant référence au délabrement de l’hôpital montréalais. On n’a pas de marge de manœuvre au gouvernement. Ils vont compléter les projets en marche, mais pas ceux qui sont en attente.»
Quant à Marie-Michèle Sioui, elle a cité plusieurs passages de son livre, L’indomptable mammouth, qui fait le portrait du système de santé québécois.
«On se rappelle que dans les années 70, le système de santé du Québec était un des meilleurs au monde, ajoute-t-elle. La création des CLSC, entre autres, était très novatrice. C’est la paperasse, la bureaucratie et la résistance des médecins à l’époque qui a coulé le réseau.»
La journaliste nous rappelle également que la rémunération des médecins par l’État était «temporaire» lors de la création de l’assurance-maladie.
Sur l’agence Santé Québec, les journalistes insistent sur le fait que les attentes sont élevées, et que cette situation a été créée par le ministre Christian Dubé.
«Santé Québec est apparue un peu grâce à la pandémie, explique Mme Sioui. M. Dubé a eu cette idée en raison du succès de la vaccination.»
Les deux journalistes ont posé plusieurs questions pendant l’entrevue. On verra maintenant si les réponses suivront. On pourra en trouver quelques-unes dans l’ouvrage de Marie-Michèle Sioui qui sera en librairie dès mardi.

Les voix de Bells Larsen
L’auteur-compositeur-interprète Bells Larsen qui a été forcé d’annuler sa tournée aux États-Unis en raison de la nouvelle politique américaine de visas ciblant l’identité de genre était l’invité de Guy A. Lepage.
Sur Blurring Time, son nouvel album qui sera disponible le 25 avril, Bells Larsen raconte sa transition de genre.
«Ce fut un long processus, raconte-t-il. Je voulais enregistrer ma voix féminine avant d’entreprendre le traitement à la testostérone pour compléter mon changement. Ç‘a été long entre l’écriture de l’album et sa sortie.»
Cet album rend ainsi hommage aux deux versions de lui-même, a-t-il expliqué.
«Ma voix était encore haute quand j’écrivais mes chansons et je me demandais comment je voulais capturer ma musique, racontait-il. La plupart des chansons parlent de moi en tant que personne trans, mais aussi d’être la plus vraie version de moi.»
Alors que l’auteur-compositeur-interprète raconte s’être mieux compris à travers l’écriture, les politiques de l’administration Trump lui ont barré la route.
L’accès au territoire américain, où il devait présenter plusieurs spectacles, lui a été interdit en raison de son identité trans.
«J’étais vraiment dans mes émotions, avoue-t-il. J’avais énormément d’inquiétudes, mais j’ai compris que je ne pouvais pas aller aux États-Unis surtout après avoir reçu ce courriel de l’immigration américaine que me refusait le visa de travail.»
Montréalais d’adoption — il a grandi à Toronto —, c’est dans un excellent français que l’artiste affirme ne pas vouloir nommer le président américain.
«Mon histoire est plus grande que lui, dit-il. Mais j’avoue avoir trouvé cela bizarre de voir ma photo et celle de ce président dans le même article. Par contre, ma musique est politisée alors je l’assume.»

Un tueur dans la famille
Julien Gendron-Tardif, dont le frère vient d’être reconnu non criminellement responsable du meurtre de leur mère, s’est dit soulagé du verdict prononcé mercredi dernier.
Emmanuel Gendron-Tardif a tué sa mère d’une centaine de coups de couteau en 2023, alors qu’il était en pleine psychose. Le frère de l’invité de Guy A. Lepage se croyait dans un scénario à la The Truman Show ce qui le portait à voir les gens autour comme des comédiens jouant des rôles.
«Dans son délire, il croyait qu’en tuant ma mère, il allait être libéré», a confié Julien Gendron-Tardif.
Avec un aplomb impressionnant, ce dernier a expliqué le parcours dans le système de santé mentale de son frère.
«Je crois que ça aurait été nécessaire que notre famille soit impliquée dans le processus, dit-il. On aurait certainement pu avoir un impact sur le dénouement ou du moins, avoir été mieux outillé pour faire face à la situation.»
Emmanuel Gendron-Tardif est actuellement interné dans un institut psychiatrique où il reçoit des soins appropriés.
«Je continue de l’aimer, mais ça ne veut pas dire que je lui pardonne son geste, confie Julien Gendron-Tardif. Je fais confiance à l’équipe traitante de l’Institut Pinel, mais j’ai toujours des craintes pour la suite.»

L’humour «désorganisé»
C’est l’humoriste Alexandre Champagne a mis fin à cette édition pascale de Tout le monde en parle, invité à discuter de son premier spectacle solo intitulé La grande désorganisation.
Entrepreneur et photographe, Alexandre Champagne a renoué avec l’humour, lui qui avait quitté le milieu en raison des comportements toxiques qu’il observait à l’époque.
«La diversité qui s’est installée dans le milieu m’a poussé à revenir, dit-il. Le marché est pour plus de gens intéressés par l’humour et je peux enfin avoir ma place.»
De Contrat de gars à 3 fois par jour, avec Marilou, il a réussi à créer des projets millionnaires. Mais pour lui, la chance a joué un grand rôle dans sa réussite.
«J’ai fait des photos de muffin et j’ai fait des millions de dollars, raconte-t-il. Je suis rempli de privilèges, mais tout ça était un coup de dé et on a été chanceux »
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