Le lieu culturel présente deux expositions originales des artistes gaspésiennes Émilie Bernard de Cap-Chat et de Maryse Goudreau d’Escuminac. Aussi, l’artiste Marc-Antoine K. Phaneuf de Québec expose ses affiches qui sont le fruit d’une intervention in situ.
Les heures vaporeuses
Intime et inédite, l’exposition Les heures vaporeuses d’Émilie Bernard explore les paysages naturels, en portant une attention particulière aux heures crépusculaires, ces instants fugaces où la lumière se dissipe ou se lève.
«C’est une recherche qui a été faite à différents moments de la nuit, du coucher au lever du soleil, explique Émilie Bernard, qui a récemment été sacrée artiste de l’année 2025 en Gaspésie par le Conseil des arts et des lettres du Québec. Donc j’ai fait des randonnées, des marches et des sorties en forêt à différents moments pour vivre de nouvelles expériences, pour voir ce qui allait se passer. Ce sont surtout des textes qui sont venus spontanément à partir de ce qui m’inspirait à ces différents moments de la nuit, alors que nos facultés sont altérées et que, parfois, on a même des hallucinations et qu’on peut avoir peur.»
Pour le visuel, elle n’a pas pu, comme elle a l’habitude de le faire le jour, cueillir des éléments de la nature et prendre des photos, pour ensuite les dessiner.
«Je suis allée dans mes anciennes recherches pour trouver des formes et je les ai redessinées dans une ambiance de nuit, de brunante ou d’aube, avec une palette de couleurs choisie pour correspondre à ces ambiances.»
À ces textes se greffent des monotypes, de la découpe de papier, des objets naturels.
Dans l’œil du béluga
L’exposition Dans l’œil du béluga est l’œuvre gigantesque de Maryse Goudreau et de la commissaire Noémie Fortin, originaire de Lac-Mégantic. Depuis une dizaine d’années, Maryse Goudreau porte une attention particulière au béluga. Elle puise dans l’amour qu’elle voue à ce mammifère marin depuis qu’elle est enfant pour réaliser une œuvre-archive qui lui est consacrée.
Dans l’œil du béluga fait suite à une demande que Maryse Goudreau a reçue pour réaliser une exposition jeunesse. «Je n’avais jamais fait une exposition qui s’adresse à l’intelligence particulière des enfants, souligne-t-elle. La question que j’ai décidé de porter durant mon exploration était de savoir comment on parle de la mort des baleines et de la disparition d’une espèce aux enfants.»
L’un des thèmes majeurs de l’exposition est la pouponnière de bélugas, inspiré du mouvement citoyen de 2014 à Cacouna, qui était en réaction au projet de port pétrolier.
«C’était la première fois qu’on nommait le mot «pouponnière de bélugas, soulève l’artiste d’Escuminac, dans la Baie des Chaleurs. Je trouvais ça intéressant qu’on utilise une image de maternance pour protéger un territoire et une espèce. J’ai voulu faire exister cette image.»
Parmi les éléments de l’exposition qui s’étale sur deux étages, une immense œuvre titrée Rejouer la pouponnière invite les visiteurs à prendre dans leur bras une dorsale en marbre et à se bercer avec.
Cette exposition est présentée pour la troisième fois, mais dans une version toujours un peu différente. Le projet est né de la rencontre entre l’artiste Maryse Goudreau et la commissaire Noémie Fortin.
Leur démarche est passée par le cœur plutôt que par la tête, selon cette dernière. «On a poursuivi dans le jeu, les sens, le toucher, l’odorat, explique Noémie Fortin. On joue aussi dans la matérialité avec la pierre, le poil et tout ce qu’on peut toucher.»
Sa fille, Alix Beaulieu, a été consultée pour savoir si l’exposition était adaptée aux enfants. «Maryse m’a demandé si ça me faisait de la peine qu’on parle du deuil dans l’exposition, si c’était trop intense pour les enfants, explique la fillette de 7 ans. Je lui ai dit que ça me rendrait un peu triste, mais que c’était important d’en parler pour que les enfants sachent ce que veut dire le deuil.»
Splendeurs du Kamouraska
Une intervention spécifique au lieu, qui propose une relecture déjantée du Kamouraska, tel est le travail que présente Marc-Antoine K. Phaneuf dans Splendeurs du Kamouraska. Inspiré de légendes de la région, de la toponymie des lieux, de faits historiques et de paysages emblématiques, l’artiste a imaginé une série de fables, à la fois en textes et en images.
L’artiste suggère une déambulation qui émeut par son caractère tout aussi charmant que cocasse. Vingt affiches sont disséminées dans les espaces de circulation, autant à l’extérieur que sur les deux étages du Centre d’art et même dans la toilette.
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