Kaja Sokola, alors actrice en herbe, a déclaré aux jurés lors du nouveau procès de Weinstein que l’ancien producteur de cinéma avait glissé sa main dans ses sous-vêtements et l’avait forcée à toucher ses parties génitales dans un appartement de Manhattan en 2002.
Mme Sokola a raconté avoir vu les yeux de Weinstein – «noirs et effrayants» – la fixer dans le miroir de la salle de bain au moment des faits. Par la suite, a-t-elle raconté, il lui aurait conseillé de garder le silence sur ce qui s’était passé, affirmant qu’il avait fait la carrière de vedettes comme Gwyneth Paltrow et Penélope Cruz et qu’il pouvait l’aider à réaliser ses rêves hollywoodiens.
«Je n’avais jamais été dans une situation pareille, a témoigné Mme Sokola, sous les notes griffonnées par des jurés captivés. Je me suis sentie stupide et honteuse, et j’ai eu l’impression que c’était de ma faute de m’être mise dans cette situation.»
Havey Weinstein n’est inculpé d’aucun crime en lien avec l’agression présumée, que Kaja Sokola a décrite pour la première fois dans une plainte il y a quelques années. Le moment de l’agression était hors prescription.
L’ancienne mannequin témoigne parce que Weinstein est accusé de lui avoir fait subir une fellation forcée dans un hôtel de Manhattan quatre ans plus tard, à l’époque de ses 20 ans. L’accusation affirme que cela s’est produit après que Weinstein a organisé la présence de Mme Sokola comme figurante dans le film Le Journal d’une nanny. Mme Sokola a signalé l’allégation aux autorités quelques jours après le début du premier procès de Weinstein en 2020, mais n’était pas partie prenante à cette affaire. Les procureurs l’ont ajoutée au nouveau procès, rejoignant ainsi deux femmes ayant témoigné dans la première affaire, après l’annulation de sa condamnation l’année dernière.
Harvey Weinstein, aujourd’hui âgé de 73 ans, a regardé Kaja Sokola de haut en bas tandis qu’elle racontait l’allégation précédente, pressant son pouce et son index gauches contre son visage comme un bouclier.
La plaignante a témoigné avoir rencontré le patron du studio de l’époque dans un restaurant de Manhattan en 2002, trois ou quatre jours avant l’agression présumée. Au cours de cette brève conversation, a-t-elle raconté, Weinstein lui a demandé si elle voulait devenir actrice.
Quelques jours plus tard, a-t-elle continué, il l’a invitée à déjeuner – soi-disant pour parler de comédie – mais l’a finalement emmenée dans un appartement, où il l’a conduite dans une chambre, puis dans une salle de bain, lui a ordonné de se déshabiller et l’a agressée. «Il m’a dit de me déshabiller, mais je ne voulais pas. J’étais paniquée», a témoigné Mme Sokola. «Puis il m’a dit que, si je voulais être actrice, c’est ce que font les acteurs au cinéma, donc je devrais m’y habituer. Si un réalisateur me dit de me déshabiller, je suis obligée de me déshabiller. J’avais peur. J’avais peur de lui.»
Une accusatrice nouvelle
Kaja Sokola a évité de regarder Weinstein en se dirigeant vers la barre des témoins. Elle a jeté un bref coup d’œil à Weinstein lorsqu’on lui a demandé jeudi de le désigner du doigt devant le tribunal.
Weinstein a plaidé non coupable et nie avoir agressé sexuellement qui que ce soit.
Ses avocats soutiennent que ses accusatrices ont consenti à des relations sexuelles avec lui dans l’espoir d’obtenir des rôles au cinéma et à la télévision. La défense a aussi souligné que les femmes sont restées en contact avec lui pendant un certain temps après les agressions présumées. Les femmes, quant à elles, affirment que le producteur de l’époque a profité de la perspective d’un emploi dans l’industrie du divertissement pour les exploiter.
Kaja Sokola a poursuivi Harvey Weinstein en justice après que les rumeurs de l’industrie concernant son comportement envers les femmes se sont transformées en un concert d’accusations publiques en 2017, alimentant le mouvement #MeToo contre les inconduites sexuelles. Les procureurs ont déclaré que Mme Sokola avait finalement reçu 3,5 millions de dollars US d’indemnisation.
Les procureurs ont expliqué avoir commencé à enquêter sur les allégations de l’ancienne mannequin en 2020, mais avoir mis fin à l’enquête après la condamnation de Weinstein. Ils ont relancé l’enquête après que la plus haute juridiction de New York a annulé sa condamnation.
Les avocats du producteur déchu se sont battus sans succès pour empêcher Mme Sokola de participer au nouveau procès, accusant les procureurs d’avoir «introduit clandestinement une accusation supplémentaire dans l’affaire» pour tenter de renforcer la crédibilité des autres accusatrices.
L’une des autres accusées, Miriam Haley, a témoigné la semaine dernière que Weinstein lui avait imposé une fellation en 2006. La troisième accusatrice, Jessica Mann, devrait témoigner ultérieurement.
L’Associated Press ne nomme généralement pas les personnes qui portent des accusations d’agression sexuelle sans leur autorisation. Mmes Haley, Mann et Sokola ont donné la leur.
Lire l’article original ici.