6:38 pm - 20 juin, 2025
En Tunisie, un rapport d’Amnesty International publié le 17 juin dénonce la répression envers des militants syndicalistes et environnementaux. Il montre que contrairement au discours politique du président Kaïs Saïed qui s’est engagé à défendre la justice économique et sociale et les plus marginalisés, ces derniers sont aussi ciblés lorsqu’ils défendent leurs droits. 

« On demandait juste que nos droits et notre dignité soient respectés », témoigne l’un des interviewés dans le rapport d’Amnesty sur les accusations d’entrave pour punir les rassemblements pacifiques organisés soit par des petits agriculteurs, soit par des militants syndicalistes ou des activistes.

Entre 2020 et 2024, l’ONG a recensé neuf cas et interviewé 26 personnes arrêtées et parfois détenues sur la base de l’article 136 du Code pénal « entrave au travail » et l’article 107 « obstacle à un service public ». La majorité se réunissait ou manifestait pour revendiquer des droits environnementaux, salariaux ou sociaux dans les régions de Sfax, Siliana, Tunis et Kairouan. Seize de ces personnes ont été détenues pendant des périodes allant de trois jours jusqu’à vingt mois.

« Les gens ont peur d’aller manifester »
« Nous avons aussi répertorié près de 90 personnes qui font l’objet de poursuites judiciaires » explique Samar Shaiek, coordinatrice campagne et plaidoyer au sein d’Amnesty, « cela accentue le climat de peur et nous ne sommes pas les seuls à le montrer dans nos rapports. Les gens ont peur d’aller manifester et les médias traditionnels couvrent aussi de moins en moins ce genre de protestations sociales » ajoute-t-elle.

Un sentiment partagé par Aziz Chebbi, militant au sein du mouvement Stop Pollution, un mouvement écologique dans le sud tunisien qui milite contre la pollution de la ville de Gabès, où se trouve le complexe industriel du groupe chimique tunisien. « C’est très difficile dans le contexte politique actuel de mobiliser des gens pour des manifestations. Lorsqu’on arrive à les mobiliser et qu’ils sont témoins de la violence, de confrontations avec la police ou même d’arrestations, ils peuvent hésiter à s’engager ensuite. Beaucoup ont des familles, un travail et craignent de le perdre. »

Des manifestants pour l’environnement arrêtés
Un des membres du mouvement Stop pollution a été victime de cette violence : Mohamed Ali Trimi a été arrêté avec deux jeunes le 23 mai dernier après une manifestation pour le droit à un environnement sain et condamné dans la foulée à quatre mois de prison. Ils ont été libérés au bout de deux semaines de détention, mais attendent toujours la décision en appel de leur jugement qui doit être rendue le 23 juin. « La manifestation s’est déroulée de façon très pacifique mais il y a eu des heurts à la fin entre des groupes de jeunes ultras et les forces de l’ordre » raconte Aziz Chebbi. Mohamed Ali Trimi aurait été pris dans la mêlée en tentant de s’interposer entre un policier et un citoyen et s’est fait embarquer avec les deux autres jeunes.

Selon Aziz Chebbi, cette répression est nouvelle, car les collectifs comme Stop Pollution sont souvent sans appartenance partisane et se basent sur la mobilisation citoyenne. « Ils menacent l’autorité politique centrale, car ils peuvent mobiliser au-delà de leur cercle et avoir la sympathie des citoyens, et donc aller vers une action collective plus importante. »

D’autres semblent avoir été punis pour l’exemple, comme le syndicaliste Anis Kâabi secrétaire général des agents de la société Tunisie Autoroutes qui avait organisé une grève en mai 2023. Il avait été accusé d’avoir voulu causer préjudice à l’administration en sa qualité de fonctionnaire « en vue de faire obstacle à l’exécution d’un service public. » Libéré après quatorze mois de détention, il ne peut plus travailler et attend encore la suite de ses poursuites judiciaires. Pour lui, son affaire était aussi un message envoyé à son syndicat l’UGTT, la puissante centrale syndicale qui a été mise au pas politiquement depuis le coup de force constitutionnel du président Kaïs Saïed le 25 juillet 2021.

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