9:58 pm - 22 octobre, 2025

Des groupes environnementaux et la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex ont déposé un «signalement à caractère environnemental», mercredi matin contre Stablex.

«Depuis plus de trois ans, on a accumulé des preuves de manquement de la part de Stablex au niveau de la protection de l’environnement, au niveau de la pollution des eaux» et «on a aussi documenté une pollution de l’air et on a documenté des problèmes de déversement sur le sol», résume Daniel Green, écotoxicologue et représentant de l’organisme Société pour vaincre la pollution.

La plainte déposée par les groupes au ministère de l’Environnement fait notamment référence aux témoignages, sous couvert de l’anonymat, d’anciens travailleurs de l’usine Stablex lors de l’émission Enquête, de Radio-Canada, diffusée le 9 octobre. Dans cet épisode, d’anciens travailleurs relatent qu’ils ont été témoins «de rejets d’air pollué, nuages de poussière, dépôts sur véhicules et contamination à l’arsenic et au mercure», peut-on lire dans la plainte, dont La Presse Canadienne a obtenu une copie.

«Ces constats alarmants laissent craindre des émissions atmosphériques susceptibles de contrevenir au Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère», écrivent les groupes.

En réponse aux allégations de rejets atmosphériques, Stablex a écrit un communiqué dans lequel elle indique qu’elle se conforme au Règlement sur l’assainissement de l’atmosphère (RAA).

«Nos installations sont dotées de systèmes de captation et de filtration de l’air conformes aux normes les plus strictes et font l’objet d’une surveillance continue. Les vérifications effectuées par le ministère de l’Environnement en 2024-2025 confirment la conformité de nos émissions atmosphériques», a écrit l’entreprise américaine.

Le deuxième constat signalé dans la plainte fait référence à un camion qui aurait «déversé des centaines de litres de liquide contaminé sur la voie publique» le 21 août 2025.

Selon les plaignants, le déversement aurait atteint le réseau pluvial menant au ruisseau Locke Head.

Des analyses effectuées par la Société pour vaincre la pollution, qui fait partie des groupes qui ont déposé la plainte, «ont révélé des métaux lourds, HAP cancérigènes, hydrocarbures et phénols à des concentrations dépassant les normes de la CMM».

Les groupes demandent que le ministère de l’Environnement effectue une vérification «afin de confirmer si la déclaration post-déversement réglementaire a été faite en bonne et due forme» par l’entreprise.

«Nous contestons fermement l’affirmation des groupes environnementaux qui prétendent que 1300 litres de liquide contaminé auraient été déversés par un camion sur notre site, c’est faux, a réagi Michel Perron, directeur général chez Stablex, dans un communiqué, en ajoutant que les pompiers ont effectué les tests appropriés et conclu qu’il n’y avait pas de danger.

En réaction aux allégations de déversement de liquide contaminé, l’entreprise Stablex a également fait parvenir à La Presse Canadienne une note qu’avait publiée le directeur du Service de la sécurité incendie de la Ville de Blainville, Claude Deschuymer, quelques jours après la diffusion du reportage de l’émission «Enquête» à Radio-Canada.

M. Deschuymer avait alors écrit que le 21 août dernier, un groupe de manifestants devant l’usine de Stablex avait aperçu une coulée de liquide provenant d’un camion.

«Le Service de la sécurité incendie de Blainville a été appelé sur les lieux après un appel afin de vérifier si des produits toxiques s’échappaient du véhicule et a prélevé un échantillon du liquide en question. L’analyse a révélé qu’il s’agissait de l’eau qui avait servi à nettoyer le camion avant son départ de l’entreprise. De plus, l’équipe de pompiers a utilisé des appareils de détection qui n’ont révélé aucune présence de gaz», a écrit le directeur du Service de la sécurité incendie de la Ville de Blainville.

Selon des analyses de la Société pour vaincre la pollution (SVP), les concentrations de polluants autour de Stablex dépassent les normes sur la qualité de l’air et «justifient une veille sanitaire et l’installation de stations de mesure continue».

Mais Stablex remet en question la méthodologie d’échantillonnage employée par les groupes environnementaux.

Dans leur plainte, les groupes environnementaux écrivent que «le ministère devrait réviser l’autorisation d’exploitation pour inclure des mesures strictes de captation et évaluer les impacts cumulatifs sur la santé environnementale et humaine», tant au niveau de l’air que de l’eau.

«Les indices de contamination s’accumulent alors que la passivité des autorités persiste», dénonce Daniel Green.

Selon lui, «il est plus que temps que le ministère de l’Environnement assume pleinement ses responsabilités et mette en place un suivi des activités de Stablex qui soit continu, rigoureux, aléatoire et complètement indépendant de l’entreprise afin d’assurer pleinement la sécurité de la population» et de l’environnement.

«Le gouvernement du Québec a pris une entente de surveillance avec Stablex. Donc, Stablex s’autosurveille», soutient Daniel Green, qui fait état «d’une déresponsabilisation inquiétante de l’État».

Le reportage d’Enquête révèle que «le ministère de l’Environnement fait entièrement confiance aux données fournies par Stablex plutôt que de mener ses propres suivis environnementaux indépendants, et ce, depuis de nombreuses années», font valoir les groupes dans le communiqué.

Il y a quelques semaines, le ministère de l’Environnement s’est défendu de ne pas faire de suivi adéquat dans le dossier de Stablex.

Dans un avis publié le 29 septembre dernier, le ministère annonçait la publication éminente des résultats d’une campagne d’échantillonnage.

«Cette campagne d’échantillonnage est menée avec la même rigueur que toutes les opérations de suivi environnemental effectuées par le ministère depuis le début de l’exploitation du site. Elle respecte la procédure de suivi environnemental québécoise, qui répond aux plus hauts standards, notamment en ce qui concerne la gestion des matières dangereuses», pouvait-on lire dans le communiqué.

Cette annonce du ministère a eu lieu quelques jours après que la mairesse de Blainville, Liza Poulin, soit sortie publiquement pour reprocher au ministère de l’Environnement de ne pas respecter ses engagements d’échantillonnage de l’air et de l’eau près du site de Stablex.

Le centre de traitement de déchets industriels de Stablex comprend actuellement une usine de traitement et cinq cellules d’enfouissement et l’entreprise compte aménager une sixième cellule.

Depuis plus de 40 ans, l’entreprise «applique un procédé de stabilisation chimique reconnu internationalement, qui neutralise les contaminants avant enfouissement dans des cellules étanches».

Dans le communiqué publié après le dépôt de la plainte par les groupes environnementaux, le directeur général chez Stablex invite les autorités à intensifier leur surveillance du site si elles le jugent nécessaire.

«Nous n’avons rien à cacher et nos opérations peuvent supporter le plus rigoureux des examens. La sécurité de nos employés, de nos voisins et de l’environnement demeure notre priorité absolue», a écrit Michel Perron.

La Société pour vaincre la pollution, Eau Secours, le Mouvement d’action régional en environnement, Mères au front Basses-Laurentides, la Coalition alerte à l’enfouissement Rivière-du-Nord et la Coalition des citoyens de Blainville contre la cellule #6 de Stablex sont les groupes qui ont déposé une plainte contre Stablex mercredi.

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Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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