Guillot, maintenant âgé de 74 ans, purge une peine de huit ans pour avoir fait vivre l’enfer à plusieurs jeunes garçons.
Il a commis des sévices physiques et psychologiques sur cinq victimes. Après un long et dur procès, il a été reconnu coupable de 18 des 22 infractions qui pesaient contre lui. Il a entamé sa peine à la fin de l’année 2022.
Vendredi dernier, le pasteur baptiste se trouvait devant la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC). Il espérait bénéficier d’une forme de remise en liberté sous conditions, après avoir purgé le tiers de sa peine.
Or, le septuagénaire ne semble pas avoir de remords. Pendant l’audience, il a insisté: il a agi selon la «parole de Dieu». Son risque de récidive est évalué à «modéré».
«Entendre le pasteur Guillot s’exprimer avec autant de méchanceté, avec un total manque d’empathie envers nous, ses victimes, en nous dépeignant — de façon à peine voilée — comme si nous étions les coupables, les rebelles, a été profondément blessant et répugnant», laisse tomber Marc Levasseur, l’une des victimes de Guillot.
Lui et Josh Seanosky étaient présents lors des audiences. Ils s’opposaient vivement à la libération — peu importe la forme — de leur bourreau.
«Je n’étais pas le monstre qu’il m’a fait croire être: je n’étais qu’un enfant. Lui, Claude Guillot, il est l’individu violent, narcissique, fanatique et extrémiste qui a utilisé son idéologie religieuse comme un outil de manipulation, de contrôle et de maltraitance», ajoute M. Levasseur.
Il salue d’ailleurs le travail de tous les intervenants du pénitencier et du service de libérations conditionnelles. «Votre dévouement à la protection du public, à la réhabilitation du délinquant et à la prise en compte des victimes était manifeste.»
Aucun changement
Pendant les audiences, le pasteur Guillot a dit qu’il referait exactement les mêmes choses, s’il pouvait revenir en arrière.
«Même après toutes ces années, j’avais de la difficulté à croire qu’un individu puisse encore aujourd’hui parler et penser exactement comme il le faisait il y a 25 ans. C’est quelqu’un qui vit dans une autre réalité, incapable de la moindre introspection, sans empathie ni conscience des autres», lâche M. Seanosky.
Les deux hommes se réjouissent de savoir que Claude Guillot restera dans sa cellule.
M. Levasseur est d’ailleurs à la tête d’une action collective intentée contre Guillot et les églises baptistes. Parallèlement, M. Seanosky a entamé des procédures de réparation individuelles. Les deux dossiers reviennent devant les tribunaux à l’automne.
«Ceux qui l’ont formé et qui ont alimenté cette culture de violence se déresponsabilisent aujourd’hui, mais ils auront aussi des comptes à rendre», ajoute M. Seanosky.
Claude Guillot prétend toujours être le pasteur de l’Église évangélique baptiste de Québec-Est, dans Charlesbourg. Il continue d’ailleurs de recevoir une rémunération, prétend-il.
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