Le président et chef de la direction de l’entreprise québécoise, Pierre Karl Péladeau, a réitéré, jeudi, que TVA Sports «perd toujours de l’argent», malgré une croissance de ses parts de marché au cours de l’hiver.
M. Péladeau a notamment pointé du doigt son principal concurrent, Bell, qui est propriétaire de RDS. Il a accusé le fournisseur de ne pas verser «une juste rétribution» pour la distribution de TVA Sports.
«Ça, ça vient pénaliser depuis très longtemps la situation de TVA Sports», a indiqué M. Péladeau en point de presse, à l’issue de l’assemblée annuelle des actionnaires de Québecor.
Tout comme lors de l’assemblée des actionnaires du Groupe TVA, tenue plus tôt cette semaine, il a répété que «dans ces circonstances, il ne faudrait pas s’étonner que TVA Sports cesse ses activités».
Le renouvellement à venir des droits nationaux pour la diffusion des matchs en français de la Ligue nationale de hockey (LNH) influencera aussi la suite des choses pour la chaîne spécialisée, a laissé entendre M. Péladeau.
Le PDG de Québecor se fie à la lecture de l’entente récemment intervenue entre Rogers et son diffuseur Sportsnet, et la direction de LNH. Selon lui, «TVA Sports n’aura pas les moyens ni les modèles économiques pour payer les sommes démesurées demandées par la LNH, pour le marché francophone».
L’entente entre la LNH et le réseau du géant québécois des télécommunications arrive à échéance en 2026. Les termes pour renouveler le contrat sont actuellement en négociation, a indiqué M. Péladeau.
L’accord actuel prévoit que TVA Sports diffuse 22 matchs du Canadien le samedi soir pour la prochaine saison ainsi que des événements spéciaux et les séries éliminatoires de la LNH.
Interrogé par une journaliste sur l’espoir qu’il cultive quant à l’avenir de la chaîne spécialisée, M. Péladeau a répondu: «il faut savoir que s’il n’y a pas de hockey du Canadien sur TVA Sports, les probabilités de fermeture sont élevées, où l’on voit mal une chaîne de sports n’ayant pas la capacité, la possibilité de diffuser des matchs de hockey».
Il a toutefois précisé que «c’est prématuré de prendre une décision, mais en même temps, ça ne serait pas honnête de l’exclure» la fermeture, disant aussi ne pas vouloir négocier sur la place publique.
La nouvelle entente de 12 ans entre Rogers et la ligue pour les droits canadiens de télédiffusion a une valeur de 11 milliards, soit le double de l’accord actuel.
Appel aux gouvernements
M. Péladeau a aussi lancé, au cours de l’assemblée des actionnaires de Québecor, un appel aux instances gouvernementales pour mieux soutenir l’industrie télévisuelle.
Le dirigeant a reproché «l’ampleur et la lourdeur de la réglementation imposée aux entreprises traditionnelles privées d’ici».
«TVA ne saurait survivre dans un univers de plus en plus précarisé, surtaxé et surréglementé sans le concours des pouvoirs publics et du gouvernement fédéral», a-t-il déclaré, dénonçant que les entreprises en ligne étrangères profitent toujours «d’un allégement réglementaire, malgré l’application de la nouvelle Loi sur la radiodiffusion».
M. Péladeau juge aussi «insensé» que le crédit d’impôt pour le journalisme écrit ne soit pas encore élargi au journalisme télévisé. Il a plaidé pour l’ajout d’un incitatif fiscal supplémentaire pour les achats publicitaires dans les entreprises médiatiques québécoises et canadiennes.
Par ailleurs, le PDG de Québecor montre toujours un intérêt pour les médias régionaux de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i), alors que cette dernière a mis un terme le mois dernier aux discussions avec «La Presse» concernant une possible fusion.
Questionné en point de presse à ce sujet, M. Péladeau a dit que sa société pourrait «avoir une valeur ajoutée très importante» pour les quotidiens de CN2i, soit Le Soleil, Le Droit, Le Nouvelliste, La Tribune, Le Quotidien et La Voix de l’Est.
«Il n’en tient qu’à eux. On connaît mal un petit peu la situation qui est la leur», a-t-il affirmé, rappelant que la coopérative a annoncé une réduction d’effectifs la semaine dernière.
«Mais nous sommes certainement au bout du fil pour recevoir leur appel et puis discuter le cas échéant sur une capacité de pouvoir regrouper nos forces respectives et assurer justement une information régionale de qualité pour les Québécois et les Québécoises des régions», a ajouté M. Péladeau.
Rappelons qu’au cours des pourparlers entre CN2i et «La Presse», M. Péladeau était monté au créneau en mars dernier pour demander aux employés des coops d’entendre toutes les options. Or, CN2i et «La Presse» avaient une entente d’exclusivité, ce qui empêchait toutes discussions avec Québecor.
Résultats financiers
Québecor a publié, jeudi, ses résultats financiers du premier trimestre. Durant les trois premiers mois de 2025, l’entreprise a enregistré un bénéfice en hausse de 10,1 % par rapport à la même période l’an dernier, et ce, malgré un recul de ses revenus.
L’entreprise a signalé que son bénéfice net attribuable aux actionnaires s’est élevé à 190,7 millions, ou 82 cents par action, lors de son trimestre qui a pris fin le 31 mars.
Ce résultat se compare à un bénéfice attribuable aux actionnaires de 173,2 millions $, ou 75 cents par action, pour la même période lors de l’exercice 2024.
Au premier trimestre, les revenus de Québecor se sont élevés à 1,34 milliard $, en baisse de 19,7 millions $, ou 1,4 %, par rapport à la même période un an plus tôt.
Les revenus ont diminué dans le secteur des télécommunications (de 1,18 milliard $ au premier trimestre de 2024 à 1,16 milliard à celui de 2025) et dans celui des médias (de 168,8 millions à 164,6 millions).
Ils ont cependant augmenté dans celui des sports et du divertissement (de 46,7 millions à 49,7 millions).
M. Péladeau s’est réjoui de l’ajout de 54 400 nouvelles lignes en téléphonie mobile, «soit le meilleur taux de croissance parmi les principales entreprises de l’industrie au Canada au premier trimestre 2025».
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