Dans la région de la Capitale-Nationale, de plus en plus de personnes âgées ou vulnérables reçoivent des soins à domicile. Et c’est une bonne chose. Ces soins permettent de vieillir dans la dignité, de rester chez soi plus longtemps, d’éviter des hospitalisations inutiles.
Mais ce que vous ne voyez peut-être pas, c’est dans quelles conditions les infirmières et infirmières auxiliaires doivent aujourd’hui offrir ces soins. Et ce que vous ne voyez pas… met vos soins en danger.
Dans le secteur Les Rivières, les équipes de soutien à domicile sont à bout de souffle. Les absences ne sont pas remplacées. Les heures supplémentaires que nous consacrons à des tâches administratives, notamment pour documenter votre état de santé, ne sont pas reconnues — et parfois même, non rémunérées.
Les effectifs sont nettement insuffisants et, particulièrement en période estivale, il n’est pas rare que nous devions assurer les soins pour deux, voire trois fois plus de patients que la normale.
On nous surcharge au point de ne plus pouvoir exercer selon les normes de nos ordres professionnels.
Ce n’est pas nouveau. Les professionnelles en soins ont alerté leurs autorités sur la surcharge bien avant l’été, conformément à notre devoir déontologique de signaler toute situation mettant en danger la sécurité des patients.
Ce n’est plus une surcharge ponctuelle. C’est devenu la norme. Et pendant ce temps, la Direction Soutien à l’autonomie des personnes âgées et Soutien à domicile (DSAPA-SAD) nous questionne sur nos pratiques, notre organisation du travail, audite nos dossiers et refuse de s’engager par écrit à mettre en place des solutions à court terme pour nous soutenir.
Pire : elle nie les impacts concrets sur la qualité des soins, comme le manque de temps pour compléter les différents formulaires et les notes infirmières, et elle nous blâme alors que nous n’avons pas le temps nécessaire pour effectuer notre travail. Résultat : nous passons moins de temps avec vous, nous courons d’un domicile à l’autre, nous sacrifions la prévention, l’écoute et le soin relationnel. Et ça, ça nous brise le cœur.
Toute personne sensée comprend que si l’on tente de verser un litre d’eau dans un verre qui n’en contient que la moitié, il y aura un débordement.
C’est exactement ce que nous vivons. Et la situation ne peut que s’aggraver, avec le vieillissement accéléré de la population et un réseau public qui n’arrive plus à attirer ni retenir ses professionnelles en soins — parce qu’il impose des conditions de travail intenables.
Nous avons formulé des demandes claires à notre employeur : du renfort, de la reconnaissance, du respect. Mais rien ne bouge. On refuse d’ouvrir les yeux sur une réalité pourtant évidente.
Nous voulons être franches avec vous. Les professionnelles en soins de votre CIUSSS tiennent debout malgré l’épuisement, par sens du devoir et par attachement profond à leurs patient-e-s. Mais nous ne pouvons pas continuer ainsi sans mettre votre sécurité en jeu. Et nous refusons de franchir cette ligne.
C’est pourquoi nous avons décidé d’agir. Parce que vos soins comptent. Parce que nous refusons de vous soigner à moitié. Parce que nous voulons continuer à vous offrir des soins humains, sécuritaires et, surtout, de qualité.
Ce que nous demandons à l’employeur est simple : des effectifs supplémentaires dès cet été, ainsi qu’une réorganisation du travail, afin de continuer à vous offrir des soins dignes, dans le respect de nos obligations professionnelles.
Nous ne voulons pas vous inquiéter. Mais nous devons vous informer. Et surtout, vous dire que nous ne baissons pas les bras. Parce que votre santé, votre dignité et votre sécurité nous tiennent à cœur.
Signataires:
Caroline Gravel, présidente
Patricia Lajoie, vice-présidente en relations de travail
Marie-Claude Lévesque, agente syndicale
FIQ – Syndicat des professionnelles en soins de la Capitale-Nationale
Et 34 infirmières et infirmières auxiliaires en soins à domicile, secteur Les Rivières
Caroline Charron
France Garneau
Sonya Ouellet
Eden Garneau
Alexis Berrouard
Sylvie Moineau
Karine Sheehy
Véronique Leblanc
Lilia Mesbahi
Laurence Labrecque
Maja Velemir
Renée Ringuette-Bergeron
Marie-Eve Girard
François Gagnon
Eveline Laramée
Léa Ouellet
Natty St-Arnaud
Caroline Bergeron
Solveil St-Pierre
Marco Argouin
Steve Boivin
Rosalie Aubert
Natacha Bolduc-Blouin
Martine Joly
Isabelle Godard
Marzieh Karabi
Geneviève Bernard
Catherine Dufour
Judith Rousseau
Ticiana Cardoso-Alves-Borba
Karine Landry
Mélanie Lavoie-Gagné
Samuelle Langford
Sonia Larouche
Lire l’article original ici.