11:14 pm - 9 août, 2025

Ils n’ont pas l’habitude de se confier en patois moderne, ni même de donner leur vrai nom. Les trois comédiens incarnent Baptiste, Blanche et Madeleine année après année, si bien que tout le monde utilise leur nom de colon. Même certains de leurs collègues ignorent leur véritable identité.

«Moi, je présente toujours ça comme de la vulgarisation historique. On n’a pas de texte! On connait notre sujet, on part et on tricote avec ça», explique Jean-François Marcotte, qui travaille aux Fêtes de la Nouvelle-France depuis 1999 ou 2000, selon ses souvenirs.

(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

«Moi j’ai commencé ma carrière ici, en 2001. C’était mon premier contrat, mon premier chèque», se souvient Marie-Noël Grenon, qui a étudié en théâtre. Sa partenaire de jeu, Valérie Deschamps, s’est jointe à l’équipe de comédiens plus récemment.

D’une année à l’autre, Baptiste, Blanche et Madeleine reviennent, mais ils changent de métier.

Les trois camarades voyagent dans le temps chaque année pendant quatre jours, pour véritablement plonger les visiteurs du Vieux-Québec à l’époque de la colonie.

«Vous devez avoir chaud!»

Une question revient année après année, quand les personnages de la Nouvelle-France prennent d’assaut la Capitale: «Vous devez avoir chaud!»

«Pas tant, parce que ça respire», révèle Valérie Deschamps. Les costumes en réalité des vêtements fidèles à l’époque, en fibres naturelles comme du coton et du ln

Les habits de la Nouvelle-France suscitent à tout coup une foule de questions de la part des visiteurs. Mais la vérité est toute simple: les comédiens portent les mêmes vêtements que nos ancêtres.

«C’est pas pour rien qu’on a toujours un foulard, parce que le soleil tape en tabarouette! Comme ça, on est cachées par le tissu», poursuit l’interprète.

«J’ai probablement pas plus chaud que toi. Il fait chaud pour tout le monde!»

—  Marie-Noel Grenon, alias Blanche

«Il n’y a pas de velcro, pas de zipper. C’est des vrais vêtements d’époque», souligne Jean-Philippe Marcotte.

«Le linge est fait pour la vraie vie, mais il est pas fait pour la modernité! Mettons un tricorne dans un char, tu vois tout de suite qu’il accote en arrière. Mais si tu montes à cheval, tout va bien!»

Une porte d’entrée

Attablés devant l’hôtel de ville avec Le Soleil, les trois personnages reçoivent la visite d’un passant qui vient directement les voir pour leur demander l’heure des prestations de la journée.

«On sert aussi à ça», lance candidement l’interprète de Baptiste.

Ni tout à fait acteurs, ni tout à fait historiens, Jean-Philippe, Marie-Noel et Valérie sont une véritable porte d’entrée sur l’histoire pour tous ceux qu’ils croisent sur leur chemin.

Ils ont respectivement des formations en tourisme, en théâtre et en histoire. Mais aux Fêtes de la Nouvelle-France, ils incarnent en tout temps leur personnage, de manière à ouvrir la conversation avec les passants qu’ils rencontrent.

(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Grâce à leur passion et leur vaste expérience aux Fêtes, ils sont prêts à répondre à toutes les questions des curieux.

«Moi je prends le bus de même! Ça fait une excellente pub», s’exclame en riant Marie-Noël Grenon, avec ses habits d’époque qui piquent la curiosité chez les citoyens qu’elle croise.

Des rôles féministes

En incarnant sa Madeleine aux différents métiers année après année, Valérie est fière de rendre hommage aux femmes de l’histoire.

«De pouvoir interpréter une madame, il y a quelque chose qui rend hommage à celles qui sont passées avant nous autres», insiste la bachelière en histoire.

(Jocelyn Riendeau/Le Soleil)

Les métiers que pratiquaient les femmes à l’époque passent souvent sous le radar, ajoute-t-elle. «Je dis toujours: derrière chaque grande femme, il y a toujours un homme qui lui fait de l’ombre.»

«On est des contrebandières en ce moment, mais on parle juste des contrebandiers. Mais les plus grands contrebandiers de la Nouvelle-France, c’est des madames!»

—  Valérie Deschamps, alias Madeleine

Sans compter l’émerveillement des petites filles qui la comble de bonheur à chaque fois.

«J’avais justement cette robe-là, et une petite fille vient me voir: ‘Est-ce que vous êtes une princesse?’ Oui, on peut être ça, mais on peut être tellement autre chose. Il y a ça qui se crée avec les petites filles, tu vois des étoiles dans leurs yeux», confie l’interprète de Madeleine.

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Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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