Des responsables fédéraux, qui n’étaient pas autorisés à s’exprimer publiquement avant la finalisation de l’annonce jeudi soir, affirment que le Canada limite le nombre de véhicules assemblés aux États-Unis pouvant être importés sans être assujettis à des droits de douane de rétorsion.
Ils ont précisé que ces mesures entrent en vigueur immédiatement.
Le gouvernement avait imposé en avril dernier des droits de douane de rétorsion sur certains produits américains, mais avait accordé des exemptions à certains constructeurs automobiles pour importer un nombre précis de véhicules au pays.
Ottawa indique que l’accès à ce quota en franchise de droits de douane était assorti de conditions exigeant que chaque entreprise maintienne les emplois et les investissements au Canada, mais les deux entreprises ont annoncé des coupes ces dernières semaines.
Selon certaines sources, Ottawa réduit le quota annuel de remise de General Motors de 24 % et de 50 % pour Stellantis.
General Motors a annoncé cette semaine l’arrêt de la production des fourgons électriques BrightDrop à Ingersoll, en Ontario, tandis que Stellantis a fait part de son intention de délocaliser la production du Jeep Compass de Brampton, en Ontario, vers l’Illinois.
L’ambassadeur du Canada au Mexique a par ailleurs mentionné jeudi que le président américain Donald Trump nourrissait des attentes «irréalistes» quant à la possibilité de construire seul des véhicules sans intrants nord-américains.
«Il est tout simplement impossible pour les États-Unis de produire des voitures seuls à court terme», a soutenu Cameron MacKay jeudi, devant la commission sénatoriale des affaires étrangères.
«Le président Trump et son administration ont clairement exprimé leur vision de l’avenir de la production automobile en Amérique du Nord. Je dois dire que je pense qu’une partie de cette ambition est irréaliste», a-t-il ajouté.
L’administration Trump a répété à plusieurs reprises sa volonté de fabriquer des véhicules avec peu de pièces étrangères.
Lors d’une visite au bureau Ovale le 7 octobre, Donald Trump a indiqué au premier ministre Mark Carney que «les Américains ne veulent pas acheter de voitures fabriquées au Canada».
«Nous voulons que le Canada réussisse dans la fabrication de voitures», a-t-il toutefois ajouté.
Donald Trump a précisé travailler sur une «formule» avec le Canada concernant son rôle dans la construction automobile, mais a également laissé entendre qu’il ne voulait pas d’acier ou d’aluminium canadiens dans les chaînes d’approvisionnement automobiles américaines.Â
«À un moment donné, il ne sera plus économiquement judicieux pour le Canada de fabriquer ces voitures», a-t-il avancé.
Bien que les États-Unis aient imposé des droits de douane sur divers véhicules et composants, M. MacKay a déclaré jeudi que certaines pièces dont les entreprises américaines ont besoin ne peuvent se procurer qu’au Canada et au Mexique.
Il a affirmé qu’il pourrait y avoir un «alignement considérable» entre les positions de négociation du Canada et du Mexique sur cette question, dans le cadre de la révision imminente de l’accord nord-américain.
Doug Ford en soutien
Jeudi également, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, a mentionné avoir pleinement confiance dans les négociations de M. Carney avec les États-Unis, malgré un ton plus agressif de sa part.
M. Ford a suggéré que le Canada intensifie ses représailles contre Washington, mais a affirmé partager l’avis du premier ministre.
«Il est peut-être plus facile pour moi de rester assis ici et de dire ce que je dis, mais c’est beaucoup plus difficile lorsque quelqu’un est assis en face de Donald Trump, avec un gros marteau à la main», a déclaré M. Ford lors d’une conférence de presse aux côtés de M. Carney.
«Je soutiens le premier ministre à 1000 %», a-t-il fait savoir.
Mark Carney a indiqué qu’il travaillait avec les États-Unis sur les échanges commerciaux dans de nombreux secteurs, tout en veillant à ce que les travailleurs canadiens soient payés lorsque les entreprises américaines modifient leurs plans, et en créant de nouvelles opportunités d’emploi dans des secteurs comme la fabrication pour les besoins de la défense.
«La situation concernant les droits de douane américains a radicalement changé dans plusieurs de nos industries les plus importantes, notamment dans le secteur automobile», a reconnu M. Carney lors d’une conférence de presse jeudi.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a souligné jeudi que M. Carney n’avait pas respecté sa promesse de conclure un accord avec Washington en juin.
«Nous avions besoin qu’il tienne réellement sa promesse et défende les travailleurs de l’automobile lors des négociations avec les Américains», a-t-il soutenu sur la colline du Parlement, précisant que son parti réduirait les taxes sur les voitures fabriquées au Canada et mettrait fin à l’obligation d’achat de véhicules électriques.
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