«On a reçu ce matin une proposition qui est une déclaration de guerre, qui est un ultimatum (…), on est en face d’un affront», a affirmé le négociateur de la FMSQ, Lucien Bouchard, en conférence de presse à Montréal au côté du président de la fédération, Vincent Oliva.
La FMSQ ne digère pas que cette offre soit «finale».
Québec faisait pourtant valoir que son offre répondait aux revendications des médecins et ajoutait au moins 800 millions $ supplémentaires sur la table sur quatre ans dans l’espoir de conclure les négociations une fois pour toutes.
C’est une «pseudo-offre» qui comporte même «certains reculs», a dit le Dr Oliva, qui laisse planer un «grand risque de désengagement» de ses membres en «colère».
«Ce n’est pas le temps de taper sur les médecins», a-t-il argué, en dénonçant de nouveau le projet de loi 106 du gouvernement, qui lierait 15 % de la rémunération des médecins à l’atteinte d’indicateurs de performance.
Recours à un arbitrage non exécutoire?
La FMSQ accuse le gouvernement de vouloir mettre de l’huile sur le feu en qualifiant sa dernière proposition de «finale», mais réplique en proposant de mettre fin à son moyen de pression, le boycottage de la formation des étudiants en médecine, en échange du recours à un arbitrage non exécutoire.
L’arbitre apporterait un «éclairage objectif» et pourrait proposer des recommandations, a argué M. Bouchard. «Où est le bon sens? Où est la vérité? Qu’est-ce qui devrait-être fait?»
Le gouvernement a de son côté toujours refusé l’arbitrage exécutoire, puisque c’est un non élu qui prendrait des décisions importantes touchant les finances publiques.
Autant la Fédération des médecins omnipraticiens (FMOQ) que la Fédération des médecins spécialistes (FMSQ) ont tenu la ligne dure au cours des derniers mois, en s’opposant au projet de loi 106.
Ils plaident entre autres qu’ils ne sont pas les seuls responsables des ratés du système de santé et qu’ils doivent obtenir davantage de moyens, que ce soit l’ouverture prolongée de plateaux techniques, de salles d’opération, etc.
Québec proposait donc d’y remédier: on décaisserait 100 millions de dollars supplémentaires par an sur quatre ans pour augmenter la disponibilité des blocs opératoires. Total: 400 millions.
Également, on offrait 50 millions supplémentaires récurrents par an pour les Groupes de médecine familiale (GMF), donc 200 millions de dollars sur quatre ans.
Le gouvernement ajoutait aussi 30 millions par an sur quatre ans pour ajouter des professionnels aux Centres de répartition des demandes de services (CRDS), qui fait l’aiguillage des demandes de consultations de médecins spécialistes. Total: 120 millions de dollars.
Cela permettait d’embaucher près de 300 personnes pour réduire les listes d’attente.
Autre concession
Et en plus, Québec s’engageait à investir 40 millions par an sur 10 ans dans les CRDS, afin de moderniser leurs équipements en ressources informationnelles. Le total sera donc de 160 millions sur quatre ans, et 400 millions sur 10 ans.
Autre concession: le gouvernement voulait lier la rémunération des vice-présidents et de la présidente de Santé Québec à l’atteinte des mêmes cibles de performance fixées pour les médecins.
Enfin, le gouvernement était prêt à limiter une partie du pouvoir discrétionnaire du ministre: il ne pourrait y avoir de modification pour une période de deux ans aux règlements.
En matinée, le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la présidente du Conseil du trésor, France-Élaine Duranceau, avaient dit qu’ils étaient ouverts à discuter de l’offre avec les fédérations de médecins, mais ont refusé de répondre aux questions sur le contenu de la proposition.
Ils demandent aux deux fédérations de revenir aux tables de négociations et M. Dubé a insisté sur l’urgence d’agir, en raison du fait que les médecins appliquent des moyens de pression.
En effet, ils ont suspendu les activités de formation des étudiants en médecine.
Dans une courte déclaration avant de se rendre à la séance du cabinet, le premier ministre François Legault a demandé aux médecins de revenir à la table des négociations.
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