À quatre mois et demi du vote pour élire des maires et mairesses partout au Québec, l’entreprise de sondages Segma Recherche a scruté l’âme des électeurs de la grande région de Québec sur leurs intentions de vote aux prochaines élections municipales et provinciales.
Après répartition de 29 % d’indécis, ce qui en soi s’avère déjà un élément intéressant, le maire actuel, Bruno Marchand, arrive en tête avec 38 % de la faveur populaire, contre 32 % pour l’ancien ministre Sam Hamad.
«Il n’y a personne qui va regarder ces chiffres-là et se sentir complètement à l’aise sur sa chaise», a commenté au Soleil le directeur général de Segma, Marc Bouchard.
«Parce que oui, Bruno Marchand est en tête. Mais Sam Hamad n’est pas loin. En même temps, la campagne ne fait que commencer, on le sait avec Sam Ahmad qui fait quand même une grosse annonce mercredi. À six points derrière Bruno Marchand, il n’est pas premier, il reste deuxième. Mais il n’est pas si loin», analyse M. Bouchard.
Chefs de trois partis d’opposition à l’hôtel de ville, Stéphane Lachance obtient 12 %, Jackie Smith récolte l’appui de 10 % des électeurs et Claude Villeneuve, 7 %.
Les élections municipales se tiendront le 2 novembre partout au Québec.
«Course à deux»
Ce qui fait dire au patron de Segma qu’on assiste à «une course à deux. Il y a trois candidats qui sont assez loin derrière, mais est-ce que l’un d’eux peut se démarquer comme une troisième option? Ce n’est pas clair, on va le découvrir éventuellement».
Avec déjà cinq candidats en lice pour le poste de maire, la division du vote se pointe le nez.
Avant de répartir les indécis, on constate que la moitié des 401 résidents de Québec sondés disent qu’ils voteront pour un des trois candidats autres que Bruno Marchand ou Sam Hamad, qu’ils ne savent pas encore pour qui ils vont voter ou qu’ils ne voteront tout simplement pas.
À qui la division du vote?
Mais à qui profitera la division? se demande le sondeur.
«On n’est pas dans une situation où il y a une division du vote qui profite uniquement au maire parce que l’opposition se divise. Il y a des divergences idéologiques entre les tiers candidats qui permettent de supposer que peut-être ça irait du côté de M. Marchand ou peut-être que ça irait chez M. Hamad.»
—  Marc Bouchard, sondeur
Le maire Marchand peut s’encourager en voyant qu’il est premier dans trois des quatre tranches d’âge et qu’il ne tire de l’arrière que par un maigre point chez les 65 ans et plus — 40 % pour M. Hamad contre 39 % pour M. Marchand.
Jackie Smith, cheffe du parti de gauche Transition Québec, est deuxième chez les jeunes à 25 %, mais pas plus que 7 % des 35 ans et plus de l’estiment.
Les femmes préfèrent Bruno Marchand à 45 % contre 31 % pour Sam Hamad. Chez les hommes, ils sont à égalité à 32 %.
PQ en avance, PCQ solide deuxième
Sur la scène québécoise, le tiers des électeurs de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec choisissent encore le Parti québécois de Paul St-Pierre Plamondon en premier, à 34 %. Le Parti conservateur du Québec mené par Éric Duhaime conserve sa solide deuxième place, avec le quart des appuis ou 24 %.
La Coalition avenir Québec du premier ministre François Legault ne retrouve pas plus que 15 % des intentions de vote dans la région, tout près des 14 % du Parti libéral du Québec et son nouveau chef Pablo Rodriguez.
À noter qu’un répondant sur cinq a été sondé après la victoire de M. Rodriguez à la direction libérale, survenue samedi. Mais l’effet Pablo ne se fait pas encore sentir, même si l’échantillon est trop petit pour s’avérer statistiquement pertinent.
Québec solidaire et sa co-porte-parole Ruba Ghazal ne reçoivent que 10 % de l’amour populaire.
«À plus d’un an des élections québécoises, il y a beaucoup de votes qui ont le potentiel d’être récoltés par les partis. Alors oui, le Parti québécois est en tête, le Parti conservateur en deuxième place [dans la région de Québec], mais il y a quand même beaucoup de gens que chacun des cinq principaux partis peut espérer aller chercher.»
—  Marc Bouchard, directeur général de Segma Recherche
Les 55 ans et plus se rangent presque à moitié derrière les péquistes, les 35 à 54 ans prennent à 43 % pour les conservateurs et les solidaires attirent un jeune électeur sur cinq, tranche d’âge où le parti de gauche arrive toutefois troisième.
Comme il n’y a pas que des mauvaises nouvelles pour les caquistes, le gouvernement Legault se classe bon deuxième chez les électeurs de la région âgés de 55 ans et plus, où ils sont quand même loin derrière les péquistes.
Encore une fois, pas moins de 32 % d’indécis, soit un électeur sur trois qui s’est rangé dans la catégorie des ne sait pas, ne répond pas ou ne votera pas.
La gauche à Marchand
Segma croise aussi les deux intentions de vote, provinciale et municipale.
À droite, M. Bouchard relève que ceux qui votent pour M. Duhaime au provincial sont partagés au municipal entre MM. Hamad, à 44 %, et Lachance, à 37 %.
À gauche, Mme Smith ne ramasse pas la part espérée des partisans de Québec solidaire. Elle obtient seulement 13 % de leur faveur, tandis que le pactole solidaire va dans le camp de Bruno Marchand, à 57 %.
Le territoire de la RMR de Québec s’étend de Neuville à Château-Richer et jusqu’à Saint-Gabriel-de-Valcartier sur la rive nord et inclut l’île d’Orléans. Sur la rive sud, il couvre Saint-Antoine-de-Tilly à Beaumont, en passant par Saint-Lambert-de-Lauzon.
Le sondage téléphonique non commandité a été réalisé du 9 au 16 juin 2025 par des agents du centre d’appels de Segma basé à Saguenay. L’échantillon aléatoire compte 580 électeurs résidant dans la RMR de Québec, dont 401 résidents dans la Ville de Québec.
La marge d’erreur maximale est de 4,1 % pour l’ensemble de l’échantillon et de 4,9 % pour le sous-échantillon spécifique à la ville de Québec. Les résultats ont été pondérés selon la localisation, l’âge, le sexe et la scolarité à partir des données de Statistique Canada.
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