Les dernières négociations entre les États-Unis et l’Iran sur le programme nucléaire iranien en pleine progression n’auront donc pas lieu dimanche, a annoncé samedi le médiateur omanais.
L’Iran a lancé une deuxième série de missiles contre Israël, tandis que l’armée israélienne a poursuivi ses attaques en Iran. Ses frappes précédentes ont abattu des responsables de haut rang impliqués dans le programme nucléaire iranien.
«Téhéran brûle», a déclaré le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, sur les réseaux sociaux. La télévision d’État iranienne a indiqué que des explosions avaient été entendues à l’est et à l’ouest de la ville.
L’armée israélienne et la télévision d’État iranienne ont toutes deux confirmé la dernière série de tirs de missiles iraniens. Alors que le cabinet de sécurité israélien se réunissait, des explosions ont été entendues vers minuit. Ces missiles visaient des installations de production de carburant pour les avions de chasse israéliens, ont affirmé les Gardiens de la révolution en Iran par voie de communiqué. L’Iran affirme que de nouveaux missiles seront tirés si les frappes israéliennes se poursuivent.
Le service paramédical israélien Magen David Adom a indiqué qu’une femme avait été tuée et que plus d’une dizaine d’autres personnes ont été blessées lorsqu’une maison de deux étages a été ciblée dans le nord. Dans l’heure qui a suivi, l’armée israélienne a déclaré que les résidents pouvaient quitter les abris.
Les dirigeants iraniens font désormais face à la difficile décision de s’enfoncer davantage dans le conflit avec les forces israéliennes, jugées plus puissantes, ou de rechercher une résolution par voie diplomatique.
Les dirigeants mondiaux ont appelé à une désescalade pour éviter une guerre totale, la région étant déjà sous tension alors qu’Israël redouble d’efforts pour éliminer le groupe militant Hamas, soutenu par l’Iran, à Gaza après 20 mois de combats.
Le sixième cycle de négociations indirectes sur le programme nucléaire iranien, entre les États-Unis et l’Iran, devait se tenir dimanche. «Nous restons engagés dans les négociations et espérons que les Iraniens s’assoiront bientôt à la table des négociations», a mentionné un haut responsable américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
Israël, largement considéré comme le seul État doté de l’arme nucléaire au Moyen-Orient, a déclaré que ses centaines de frappes contre l’Iran au cours des deux derniers jours avaient tué neuf scientifiques et experts de haut rang impliqués dans le programme nucléaire iranien. L’ambassadeur d’Iran à l’Organisation des Nations unies (ONU), a déclaré que 78 personnes avaient été tuées et plus de 320 blessées.
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, a fait de la destruction du programme nucléaire iranien sa priorité absolue. Il a affirmé que les frappes israéliennes en Iran jusqu’à présent ne sont rien comparées à ce qui s’en vient dans les prochains jours.
Un drone israélien a frappé samedi une usine iranienne de traitement de gaz naturel, provoquant une «forte explosion», ont rapporté des agences de presse iraniennes semi-officielles. Il s’agirait ainsi de la première attaque israélienne contre l’industrie pétrolière et gazière iranienne, si elle est confirmée.
Israël n’a pas formulé de commentaire dans l’immédiat. L’usine, située dans le champ gazier iranien de South Pars, produit du gaz naturel liquéfié et d’autres produits, et l’étendue des dégâts n’était pas immédiatement connue. Ces sites sont entourés de systèmes de défense aérienne, ciblés par Israël.
Des négociations «injustifiables», selon l’Iran
L’Iran affirme que son programme nucléaire est exclusivement pacifique, et les services de renseignement américains ont estimé que Téhéran ne cherchait pas activement à s’équiper de l’arme nucléaire. Cependant, son enrichissement d’uranium a atteint des niveaux près de ceux de qualité militaire. Jeudi, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a critiqué l’Iran pour non-respect de ses obligations visant à empêcher le développement de l’arme nucléaire.
Le chef de la diplomatie iranienne a déclaré samedi que les négociations nucléaires étaient «injustifiables» après les frappes israéliennes. Les propos d’Abbas Araghchi, ministre iranien des Affaires étrangères, ont été tenus lors d’un entretien avec Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne.
Les frappes aériennes israéliennes sont le «résultat du soutien direct de Washington», a soutenu M. Araghchi, dans un communiqué diffusé par l’agence de presse officielle IRNA. Les États-Unis ont affirmé ne pas être impliqués dans ces frappes.
Vendredi, le président américain Donald Trump a exhorté l’Iran à conclure un accord avec les États-Unis sur son programme nucléaire. Il a averti sur les réseaux sociaux que les attaques israéliennes «ne feraient qu’empirer», ajoutant que «l’Iran doit conclure un accord, avant qu’il ne reste plus rien».
Israël et L’Iran se sont mutuellement attaqués samedi matin avec des missiles et des frappes aériennes.
(VideoElephant/France24)
Les États-Unis contribuent à abattre des missiles iraniens
L’Iran a lancé ses premières vagues de missiles sur Israël vendredi soir et samedi matin. Ces attaques ont fait au moins trois morts et 174 blessés, dont deux grièvement, a annoncé Israël. L’armée israélienne a indiqué que sept soldats avaient été légèrement blessés lorsqu’un missile a frappé le centre d’Israël, sans préciser où.
Les systèmes de défense aérienne terrestres américains dans la région contribuaient à abattre les missiles iraniens, a précisé un responsable américain, qui a requis l’anonymat pour discuter de ces mesures.
Le principal aéroport international d’Israël a annoncé samedi qu’il resterait fermé jusqu’à nouvel ordre.
Plus tôt samedi, le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, a déclaré qu’Israël avait attaqué plus de 400 cibles en Iran, dont 40 à Téhéran, où des dizaines d’avions de chasse «opéraient librement». Il a précisé qu’il s’agissait du point le plus profond jamais atteint par l’armée de l’air israélienne.
Un gouverneur de la province d’Azerbaïdjan oriental, dans le nord-ouest de l’Iran, a déclaré que 30 soldats et un secouriste y avaient été tués, et 55 autres blessés. Les déclarations du gouverneur Bahram Sarmast constituent le dernier bilan des victimes jusqu’à présent.
La télévision d’État iranienne a rapporté en ligne que les défenses anti-aériennes tiraient sur des cibles dans le ciel des villes de Khorramabad, Kermanshah et Tabriz. L’agence de presse semi-officielle iranienne Tasnim a fait état d’un incendie à l’aéroport international Mehrabad de Téhéran.
«Plus que quelques semaines» pour réparer les installations nucléaires
Israël a également ciblé la principale installation d’enrichissement nucléaire iranienne à Natanz. Des photos satellites analysées par l’Associated Press montrent d’importants dégâts, et les images prises samedi par Planet Labs PBC montrent plusieurs bâtiments endommagés ou détruits. Parmi les structures touchées figurent des bâtiments identifiés par les experts comme alimentant l’installation en électricité.
Le responsable nucléaire de l’ONU, Rafael Grossi, a déclaré au Conseil de sécurité que la partie aérienne de l’installation de Natanz avait été détruite, mais que l’installation principale de centrifugation souterraine ne semble pas avoir été touchée.
Israël a également déclaré avoir ciblé une installation de recherche nucléaire à Ispahan et avoir détruit des dizaines d’installations radar et de lanceurs de missiles sol-air dans l’ouest de l’Iran. L’Iran a confirmé la frappe à Ispahan.
L’Agence internationale de l’énergie atomique a déclaré que quatre bâtiments importants sur le site d’Ispahan avaient été endommagés, dont son installation de conversion d’uranium. «Comme à Natanz, aucune augmentation des radiations hors site n’est attendue», a-t-elle précisé.
Un responsable militaire israélien ayant requis l’anonymat qu’il faudra «bien plus que quelques semaines» à l’Iran pour réparer les dégâts causés aux sites nucléaires de Natanz et d’Ispahan, et que l’armée disposait de «renseignements concrets indiquant que la production à Ispahan était destinée à des fins militaires».
Israël a nié avoir frappé l’usine d’enrichissement nucléaire de Fordo, à environ 100 kilomètres au sud-est de Téhéran.
Parmi les victimes figuraient trois des principaux dirigeants militaires iraniens: le général Mohammad Bagheri, qui supervisait l’ensemble des forces armées, le général Hossein Salami, qui dirigeait les Gardiens de la révolution paramilitaires, et le général Amir Ali Hajizadeh, chef de la division aérospatiale des Gardiens de la révolution, qui supervise leur programme de missiles balistiques. Samedi, M. Khamenei a nommé un nouveau chef à la tête de la division aérospatiale des Gardiens de la révolution, soit le général Majid Mousavi.
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