Alors que les négociations entre Québec et les représentants de la FMSQ font du surplace, la pression monte chez les médecins spécialistes.
Le fait que le ministre de la Santé Christian Dubé s’accroche au projet de loi 106, qui prévoit notamment un nouveau mode de rémunération des médecins basé sur des objectifs de performance, éloigne les deux parties.
«On a tendu la main. [Les représentants du gouvernement] aussi. On s’est assis à la table de négociations avec eux. On a accepté de voir un médiateur, qu’ils ont choisi. On a proposé des solutions. Ils semblaient d’accord avec [certaines propositions]. Mais, le ministre Dubé revient à la charge avec son projet de loi 106 et c’est une fin de non-recevoir. Alors, on perd confiance parce que ce projet de loi va à l’encontre de nos conditions de pratique», fait valoir en entrevue la VP de la FMSQ.
«Aujourd’hui, la colère gronde, ajoute-t-elle. Les médecins sont choqués et désabusés de tout ce qui se passe. […] Ils sont tannés de ne pas pouvoir travailler [et] être productifs comme ils pourraient le faire. De se buter contre un système qui n’est même pas imputable.»
Le président de la FMSQ, le Dr Vincent Oliva, a récemment affirmé que ses membres sont prêts à travailler plus pour améliorer l’accès aux soins de santé. Tout ceci avec l’apport de ressources de soutien requises.
Concrètement, les médecins spécialistes sont-ils prêts à bonifier leurs heures de travail?
«Ça ne me dérange pas de donner plus d’heures, a répondu la Dre Leclerq. Mais, est-ce que j’aurai une secrétaire qui va rester après 16 h? Est-ce que j’aurai une infirmière qui va m’aider dans ma clinique externe après 16 h ou plus tôt le matin? […] Ce n’est pas juste sur le médecin spécialiste que ça repose, mais sur une équipe de soins professionnelle»
«Ce que nous dit le ministre Dubé, c’est: “je t’enlève 15 % de ton salaire. Puis, si tu atteins les cibles, là je te mets à 100 %”. Il n’y a aucune industrie dans le monde qui travaille comme ça. La performance, ça va avec des bonis. Et si tu ne l’atteins pas [l’objectif], tu ne l’as pas.»
Prendre le pouls
Chaque année, les représentants de la FMSQ visitent des hôpitaux dans différentes régions à travers la province.
«C’est important pour nous de venir et d’écouter les médecins spécialistes sur le terrain. Écouter aussi la direction [du CIUSSS] pour voir comment ça se passe toute cette congestion», résume la Dre Leclerq.
Lorsqu’est venu le temps de choisir un établissement de soins de santé en Estrie, l’hôpital de Granby trônait en tête de liste.
Au cours de sa visite à Granby, la VP de la FMSQ dit avoir rencontré une quarantaine de médecins spécialistes.
«Ils veulent tous travailler. Ils ont leurs patients à cœur. Mais, ils ne sont pas capables. Ils n’ont pas de secrétaire et leur clinique est à moitié remplie. Ils n’ont pas de technologues. Les salles d’opération ne sont pas pleines parce qu’il manque d’inhalothérapeutes», mentionne-t-elle.
Radiologie
La VP de la FMSQ souligne également à grands traits les «retards considérables» en radiologie à Granby.
Le député de Québec solidaire, Vincent Marissal, a récemment déposé à l’Assemblée nationale une pétition concernant les déboires du personnel dans ce département névralgique.
«La plateforme (DCI) Ariane a remplacé le logiciel expert MediRad depuis le 11 février dernier à l’hôpital de Granby, sans que l’équipe du département de radiologie ait été informée adéquatement des spécifications et des limitations du système, entraînant une perte de productivité d’environ 40 % dans le département», a indiqué le porte-parole en matière de santé.
«Cette plateforme ne répond nullement aux besoins de l’imagerie médicale. […] D’autres départements, tels que l’urgence, la pharmacie et l’oncologie, possèdent leurs propres logiciels experts sans que ceux-ci soient remplacés par DCI Ariane», a ajouté le politicien.
Par conséquent, le personnel médical exige «l’arrêt immédiat des travaux d’implantation ou d’amélioration du logiciel DCI Ariane en radiologie à Granby par le CIUSSS de l’Estrie» et demande «la remise en service du logiciel expert MediRad.»
La Dre Leclerq constate aussi d’importants enjeux de recrutement de personnel dans plusieurs autres départements de l’hôpital, entre autres en neurologie et en psychiatrie.
Centre mère-enfant
Un des autres dossiers qui interpellent la Dre Leclerq est celui de la construction du centre mère-enfant, une des priorités du député de Granby, François Bonnardel, sur la voie d’accotement depuis plus de 13 ans.
«La population a donné pas mal de millions de dollars […] et il n’y a toujours rien. C’est un des projets majeurs qui devrait se réaliser. Ce qui se passe ici, c’est complètement désuet, déplore la gynécologue. Surtout que le centre d’expertise en pédiatrie est ici.»
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