En réalité, la réponse est assez simple: les oiseaux ne sont pas seulement les descendants des dinosaures – ils en sont les derniers représentants vivants. Ils appartiennent à une branche bien particulière de ces animaux disparus, celle des théropodes, qui comptait aussi dans ses rangs le célèbre Tyrannosaurus rex et de petits prédateurs tels que le vélociraptor. C’est dans une lignée proche de ce dernier qu’on vu jour les ancêtres des oiseaux, une lignée légère, rapide, couverte de plumes, qui a survécu à la grande extinction de la fin du Crétacé. Pour cette raison, certains surnomment désormais les oiseaux les «dinosaures aviens», par rapport à leurs ancêtres qualifiés de «dinosaures non aviens».
Certains se poseront alors la question : «Qu’en est-il de ces grosses bêtes volantes, comme le ptéranodon qu’on voit souvent dans les films?» Eh bien, il ne s’agit pas exactement de dinosaures. Les animaux comme le ptéranodon appartiennent à un autre groupe: celui des ptérosaures, des reptiles volants qui ont évolué parallèlement aux dinosaures, mais en dehors de leur lignée. Ils partagent bien sûr un ancêtre commun, mais celui-ci est plus ancien et ils ne font donc pas partie du groupe que les scientifiques nomment Dinosauria. En d’autres termes, un tricératops et un merle sont plus proches l’un de l’autre que ne le sont un ptéranodon et un tyrannosaure.
Ce genre de distinction peut sembler pointu, mais il illustre à quel point l’évolution du vivant suit des chemins complexes, avec des embranchements qui s’étirent, bifurquent ou s’éteignent. Dans ce grand arbre du vivant, les oiseaux sont les seules feuilles encore vertes au bout d’une longue branche désormais fanée. Et parmi eux, certaines espèces portent mieux que d’autres cette mémoire ancienne. Pas en raison d’une ressemblance visuelle avec un dinosaure de cinéma, mais parce qu’elles conservent certains traits considérés aujourd’hui comme des héritages directs de leurs ancêtres.
Les scientifiques ont mis en lumière de nombreuses caractéristiques partagées entre les oiseaux modernes et les dinosaures théropodes: un bassin orienté vers l’arrière, des os creux, une patte tridactyle, des clavicules fusionnées, un cou mobile en S, une posture bipède… et bien sûr, des plumes. Ces dernières ne sont pas une invention propre aux oiseaux: plusieurs espèces de dinosaures non aviens en possédaient déjà , probablement pour l’isolation thermique. Le vol, lui, serait apparu plus tard, chez un groupe particulier.
Parmi les oiseaux d’aujourd’hui, ce sont les espèces du groupe des paléognathes qui illustrent le mieux ce lien ancien. Autruches, émeus, casoars ou kiwis possèdent un squelette plus massif, une démarche terrestre et des traits anatomiques conservateurs qui rappellent les premiers oiseaux apparus à la fin du Jurassique (soit longtemps avant l’extinction des dinosaures non aviens). D’autres oiseaux, bien qu’évolutivement plus éloignés, peuvent aussi évoquer ces souvenirs du passé. La grue du Canada, par exemple, avec sa posture droite, son long cou et son cri rauque, évoque aisément les prédateurs qui ont marqué la fin du Crétacé.
Il ne reste aujourd’hui aucun tyrannosaure, aucun tricératops, aucun stégosaure. Leur monde s’est éteint, balayé par un événement cataclysmique qui a remodelé la vie sur Terre. Et pourtant, chaque merle, chaque vautour, chaque grue qui s’élève dans le ciel porte encore en elle une part de cette histoire. Les oiseaux ne sont pas les héritiers d’un passé disparu – ils en sont la continuité vivante. On dit souvent que la disparition des dinosaures a ouvert la voie aux mammifères, et qu’ils sont devenus depuis le groupe dominant sur Terre. C’est vrai, en partie. Mais pendant que nos lointains ancêtres rampaient encore dans l’ombre, les oiseaux, eux, prenaient déjà leur essor.
Aujourd’hui, ils ont conquis tous les continents, des forêts équatoriales aux pôles glacés, des océans aux plus hauts sommets montagneux. On les retrouve dans les villes, les déserts, les marais, les falaises battues par le vent. Ils vivent dans des lieux où même l’humain n’ose pas toujours habiter. Les oiseaux sont partout. Et s’ils se présentent souvent sous une forme discrète, légère, familière, ils portent encore en eux la ténacité d’un règne qui n’a jamais vraiment pris fin.
Saviez-vous que?
Parmi les dinosaures théropodes, les oiseaux descendent plus précisément d’un groupe appelé les paraviens, Paraves. Ce groupe comprenait notamment la famille des droméosauridés, à laquelle appartiennent des dinosaures redoutables comme le vélociraptor ou le deinonychus.
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