Réunis en congrès samedi à Gatineau, les délégués de la Coalition avenir Québec (CAQ) ont durci une proposition qui visait d’abord à interdire de manifester avec le visage masqué.
Mais dans leur volonté d’imposer la laïcité dans l’espace public, un militant de l’aile jeunesse a déposé un amendement pour élargir l’interdiction de se masquer le visage en tout temps.
«Au-delà de la question de sécurité, c’est aussi une question de principe», a plaidé Benjamin Archambault, de la circonscription de Saint-François.Â
«Dans une société libre et égalitaire, on ne peut pas accepter que certaines femmes soient cachées jusqu’aux yeux derrière un voile intégral. Nous demandons déjà les visages découverts pour obtenir un passeport pour passer un examen ou pour conduire. Pourquoi fera-t-on une exception dans l’espace public?»
L’amendement a été adopté par une courte marge, 152 contre 150, et le ministre responsable de la Laïcité, Jean-François Roberge, a même voté en sa faveur.Â
«Une question de vivre-ensemble»
Juste avant, au micro, il avait laissé entendre qu’il était «normal qu’on se pose la question», que ce soit pour la «sécurité» ou le «vivre-ensemble».
En mêlée de presse après le débat, il a laissé entendre que le gouvernement devait en discuter et réfléchir aussi aux conséquences juridiquesÂ
«Il y a une question de vivre-ensemble. On se regarde, on se connaît, la communication, ce n’est pas seulement directement par les mots, donc il y a une question d’interaction. Ceci dit, ça soulève des enjeux qui doivent être étudiés sérieusement d’un point de vue des droits et libertés.»
Mais quel est précisément l’enjeu, le problème, en ce qui concerne les femmes qui portent le voile?
«Votre question est intéressante, si j’avais la réponse, je vous la donnerais aujourd’hui», a répondu M. Roberge.Â
Il a reconnu du même souffle que des exceptions devraient être autorisées si jamais une loi devait être adoptée.
«Je comprends qu’il y a toutes sortes de situations où il est légitime de voiler son visage», a-t-il admis, en évoquant notamment les cas des soudeurs, des policiers de l’anti-émeute, de l’Halloween, de certains festivals, des conditions météorologiques, etc.Â
Mais il est encore «beaucoup trop tôt» pour confirmer que l’interdiction de cacher son visage dans l’espace public sera intégrée dans le futur projet de loi qui doit renforcer la laïcité et interdire les prières dans les rues, a précisé M. Roberge. Â
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