L’association était particulièrement notable chez les jeunes adultes de 18 à 34 ans.
L’association avec la dépression persistait et semblait même s’accentuer chez les femmes de 35 ans et plus. En revanche, chez les adultes de 35 ans et plus et en particulier chez la femme, une alimentation riche en fruits, légumes, noix et poissons était associée à un risque plus faible de dépression.
«Dans nos résultats, on voit bien que les variables habituelles comme l’obésité, comme le fait de fumer, comme le fait de ne pas avoir d’emploi ou d’être inactif vont être associées à la présence de symptômes dépressifs plus élevés. a dit le responsable du volet québécois de cette étude, le docteur Sylvain Iceta, qui est médecin psychiatre et chercheur au Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université-Laval.
«Mais on vient aussi montrer que l’alimentation en elle-même va être associée à un risque plus élevé. Et dans les différents aliments qu’on a étudiés, les aliments ultra transformés, la ‘junk food’, mais aussi les repas très préparés, vont être associés à un risque plus élevé chez la femme.»
Monsieur et madame tout-le-monde
L’étude internationale ALIMENTAL a été coordonnée par un médecin français, le docteur Guillaume Fond. Elle a été menée en ligne entre 2021 et 2023 et a impliqué plus de 15 000 participants à travers neuf pays, dont 500 au Québec.
Plus du tiers des quelque 15 000 participants qui ne présentaient ni maladie chronique ni traitement psychotrope en cours ont pourtant été classés dans le groupe présentant une dépression.
«L’idée était vraiment de se concentrer sur une population générale, sur monsieur et madame tout-le-monde, pour voir ce qui pouvait se passer, justement, dans les liens avec l’alimentation et la dépression», a expliqué le docteur Iceta.
Les résultats mettent en lumière l’importance d’une approche personnalisée en santé publique. Selon l’âge et le sexe, a-t-on souligné par voie de communiqué, «les individus n’ont probablement pas le même niveau de risque ni la même sensibilité à l’alimentation».
En identifiant les groupes les plus à risque, cette étude peut aider à développer des programmes de prévention mieux adaptés, ajoute-t-on.
Les données de l’étude ne permettent pas de déterminer avec certitude pourquoi le risque de dépression semble augmenter avec le temps, mais il y a probablement une certaine logique derrière tout ça, a dit le docteur Iceta.
«On dirait qu’il y a un risque cumulatif, a-t-il expliqué. Comme si, au fur et à mesure des années, cette accumulation de mauvaise nourriture pouvait augmenter le risque.»
Les auteurs de l’étude ont par ailleurs constaté que les connaissances nutritionnelles étaient associées à une diminution du risque de dépression ― en d’autres mots, que les gens qui avaient une meilleure connaissance en nutrition ont présenté moins de risques d’avoir des symptômes dépressifs.
Tout ça est intéressant, a estimé le docteur Iceta, parce que ça «pourrait être des pistes intéressantes d’intervention dans la population générale, de mieux informer sur ces aliments-là et de mieux éduquer la population d’un point de vue nutritionnel».
«Je pense que le lien entre l’alimentation et la santé mentale est trop souvent négligé, a conclu le chercheur. C’est trop simple de dire que les gens sont déprimés parce qu’ils sont obèses, ou bien qu’ils sont obèses parce qu’ils sont déprimés. Il faut vraiment aller regarder plus en détail ce qui se passe. Et puis là on voit que la qualité alimentaire compte finalement de manière importante quand on parle de santé mentale.»
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