Fruit d’une recherche initiée par Natasha Kanapé Fontaine et Ivanie Aubin-Malo, cette création propose un voyage inspiré de l’histoire de Koluskap, qui se détache de la surface de la Terre pour commencer à marcher. Le spectacle Wahsipekuk: au-delà des montagnes suggère une expérience où le passé et le présent se rencontrent pour culminer dans une célébration.
Spectacle interdisciplinaire
Sur scène, Ivanie Aubin-Malo est accompagnée par le violoniste Julian Rice, qui est mi’kmaq et kanien’keha:ka. «Wahsipekuk est un spectacle interdisciplinaire, explique l’artiste wolastoq par sa mère et québécoise par son père. C’est un conte renouvelé évoquant les géants de la confédération wabanakiak. Pour moi, Le Bic est cher à mes yeux parce que c’est une occasion de présenter ce conte en territoire de la confédération, puisque Le Bic s’inscrit dans le territoire de ma nation.»
Par son spectacle, Ivanie Aubin-Malo lance un appel à son peuple pour se réunir. «Le contexte actuel de ma communauté fait en sorte qu’on a beaucoup de difficulté à se rassembler et à mettre au centre de nos rencontres notre culture et les géants, avec ce qu’ils ont à livrer comme message. Donc, le spectacle est une occasion pour moi de rassembler les membres et un public plus large. On entend la langue wolastoqey et on est en lien avec le territoire. Je mets derrière moi des projections de lunes et de marées. C’est comme un itinéraire vers les ancêtres.»
Lorsque l’artiste parle des géants, il s’agit de Koluskap, Cinu et Kiwahq. «Koluskap est le géant créateur des humains, Cinu est le géant de roche et Kiwahq est le géant de glace, explique-t-elle. Cinu et Kiwahq ont aussi parfois le rôle de géants cannibales dans nos histoires orales.»
Renouer avec le chemin ancestral
Depuis 2017, Ivanie Aubin-Malo apprend la langue wolastoqey. «Ce spectacle me permet de prononcer les mots de ma langue et d’avoir de plus en plus de vocabulaire.»
Pour elle, le spectacle offre une occasion au peuple de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk du Québec, qui était auparavant appelée les Malécites de Viger, de se rallier à celui du Nouveau-Brunswick. «Au-delà des montagnes fait référence aux Appalaches, précise Ivanie Aubin-Malo. C’est une ancienne route de portage jusqu’au fleuve Saint-Laurent qu’on appelle Wahsipekuk. Donc, le spectacle est comme un portage pour retourner à Wahsipekuk, qui est un chemin ancestral pour tous les Wolastoqey, incluant ceux du Nouveau-Brunswick. On est une nation nomade.»
Selon elle, il y a longtemps que la culture wolastoqey ne circule plus au Québec, en raison d’une barrière de langue et à cause des frontières entre le Québec, le Nouveau-Brunswick et même le Maine. «Mon désir est que le spectacle circule dans tout ce territoire-là pour briser les frontières coloniales», souhaite-t-elle.
Ivanie Aubin-Malo est née et a grandi à Longueuil. Son grand-père maternel, Jean-Marie Aubin, a été le premier grand chef de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk. «En 1989, il y a eu une reconnaissance du gouvernement québécois et on est réapparu comme étant la 11e nation du Québec», précise-t-elle. La famille Aubin provient d’Amqui et de Saint-Léon-le-Grand, dans La Matapédia. «Le spectacle vise à continuer le cheminement et la vision de mon grand-père dans le but de rassembler», mentionne l’artiste.
Cette création est sortie en novembre et a d’abord été offerte au public de Montréal, puis en avril à Québec. Après le Bic, elle partira en tournée en Mauricie, puis à Vancouver. L’artiste est en attente de confirmations pour d’autres lieux qui s’ajouteront à sa tournée à travers le territoire ancestral de la Première Nation Wolastoqiyik Wahsipekuk.
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