Le comité de démolition de la Ville de Lévis s’est réuni le 8 avril dernier. Lors de la séance, les membres ont accepté la demande de démolition formulée par les propriétaires du moulin, les Entreprises de location lévisiennes, confirme le chef du parti d’opposition Repensons Lévis et membre du comité de démolition, Serge Bonin.
Aucun projet de remplacement n’a été proposé par les propriétaires, confirme M. Bonin. «Ça va être un terrain gazonné», indique-t-il.
«Le moulin est situé à un endroit particulier. La présence des Entreprises lévisiennes qui sont voisines empêche toute mise en valeur […] c’est le principal écueil, le bruit et la poussière juste à côté», note M. Bonin.
«Il n’y a personne qui est heureux d’accorder une démolition, personne ne va se réjouir de ça. Moi je suis très sensible à ça. Ça fait partie des décisions les plus difficiles à prendre», ajoute-t-il.
Les personnes qui souhaitent s’opposer à la décision du comité de démolition ont jusqu’au 8 mai pour le faire. La directrice générale d’Action patrimoine, Renée Genest, confirme qu’un appel sera déposé par son organisme.
La Ville «était au courant»
Le toit, ainsi qu’une partie de la structure du moulin Gosselin, s’est déjà effondré. L’état du bâtiment le rend «difficilement récupérable» concède d’emblée Mme Genest.
«Nous ce qu’on déplore, c’est que la Ville est au courant que le moulin a besoin d’amour depuis 2014. Si on se souvient bien, une demande de classement a été formulée cette année-là . Ensuite la Ville a été sollicitée pour une aide financière d’urgence pour ne pas que la dégradation se poursuive», dénonce Mme Genest.
Or, Action patrimoine constate «que rien n’a été fait depuis dans le dossier».
«On se questionne sur la capacité réelle de la Ville de Lévis à bien surveiller le patrimoine situé sur son territoire», soulève la directrice générale.
«On dirait que la Ville a comme abandonné son patrimoine. Les démolitions qui ont été accordées témoignent d’un manque d’intérêt de la Ville de Lévis pour leur propre patrimoine.»
—  Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine
Action patrimoine croit que la Ville de Lévis devrait en faire plus pour inciter les propriétaires à entretenir leurs bâtiments patrimoniaux pour prévenir les éventuelles démolitions, comme dans le cas du moulin Gosselin.
«Ce qu’on constate sur le terrain, c’est que beaucoup de municipalités ne font pas ce travail de surveillance de leur territoire», soutient Mme Genest.
Plus d’inspecteurs et d’amendes
«La Ville a engagé des inspectrices terrain dans les dernières années, elles sont là pour dire aux propriétaires qu’ils négligent les bâtiments et leur donner des amendes. On est de plus en plus sévère et on a notamment revu notre règlement sur l’entretien des immeubles», soutient pour sa part M. Bonin.
Il ajoute toutefois que les inspectrices ont des moyens limités. Elles ne peuvent pas entrer «de force» dans les bâtiments pour inspecter en détail les structures ou l’intérieur des murs.
Tout en n’admettant pas que l’administration municipale de Lévis souffre «d’une problématique de démolition patrimoniale», l’élu de l’opposition croit que la Ville pourrait en faire plus pour faciliter l’entretien des bâtiments patrimoniaux.
La Ville de Lévis possède une réserve de fonds dédiée au développement industriel et à la protection du patrimoine. Selon M. Bonin, ce fond, en réalité, «ne sert qu’à acheter des terrains pour les revendre à des gens qui vont effectuer des développements industriels».
«La réserve n’a jamais servi pour le patrimoine. Moi j’ai demandé de séparer cette réserve pour en créer une exclusivement dédiée à la protection du patrimoine», explique M. Bonin. Sa proposition avait été balayée de la main par le reste du conseil municipal.
«Presque toutes les grandes villes ont des politiques du patrimoine en bonne et due forme, Lévis n’en a pas encore. Ç‘a été demandé à quelques reprises, moi je suis très ouvert à cette idée-là », conclut-il.
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