«C’est une opportunité incroyable de me retrouver dans une organisation aussi prestigieuse, s’emballe le nouvel entraîneur associé des Generals. Les installations sont de première classe, les gars sont traités comme s’il s’agissait d’une équipe de la Ligue nationale.»
Dire qu’il y a quelques mois à peine, le Québécois se demandait s’il redirigerait un jour dans la Ligue canadienne de hockey. Ce circuit au sein duquel il a remporté deux coupes Memorial de suite, en 2018 (Acadie-Bathurst) et en 2019 (Rouyn-Noranda), le seul entraîneur de l’histoire à avoir réalisé cet exploit dans la LHJMQ.
Disparu du paysage du hockey junior québécois en 2021, Mario Pouliot était à bord d’un train en provenance de Munich en Allemagne vers Sierre, en Suisse, quand son téléphone portable a sonné.
Il découvre l’OHL

Il n’a pas hésité très longtemps avant d’accepter l’offre du vice-président et directeur général des Generals, Roger Hunt. Une opportunité aussi «incroyable» qu’«inattendue» dans un circuit où les entraîneurs québécois ont été peu nombreux à travailler, on peut penser à André Tourigny, Joe Canale, Marcel Pronovost, Jocelyn Guevremont et Jacques Tremblay notamment.
«Ça me permet de voir ce qui se passe de l’autre côté, de découvrir l’OHL de l’intérieur, relate-t-il. Je me considère chanceux de travailler avec des joueurs de qualité.»
Les dernières années ont été difficiles pour l’ancien pilote des Huskies de Rouyn-Noranda, du Titan d’Acadie-Bathurst et du Drakkar de Baie-Comeau. Pouliot a connu des problèmes de santé, il a perdu ses deux parents et a délaissé ses fonctions d’entraîneur et de directeur général des Huskies après avoir été visé par une enquête pour des propos inappropriés allégués.
Un épisode de sa vie qui a remis bien des choses en perspectives, qui l’a forcé à réfléchir à son avenir derrière un banc d’une équipe de hockey.
«Tout a déboulé, raconte-t-il. Je n’avais pas le temps de me remettre d’un coup qu’il m’en arrivait un autre. J’avais en quelque sorte mis une croix sur ma carrière de coach, même si je n’étais pas convaincu que l’heure [de la retraite] était venue.»
Le deuil de la LCH était fait

Le natif de Saint-Hyacinthe avait décidé de faire son «deuil», mais son ancien adjoint à Bathurst, Brad Flynn, a pensé à lui lorsque les Pontiacs de Bonnyville dans la Ligue junior A de l’Alberta (AJHL) ont dû se trouver un nouvel entraîneur.
Un autre coup de fil inattendu! «La première journée où j’ai mis les pieds à l’aréna, j’ai compris que la passion était encore là», décrit-il.
Philosophe, l’ancien pilote des Gaulois du Collège Antoine-Girouard sait qu’il a dû faire un pas de côté pour continuer de vivre sa passion. Il est fier de son parcours peu orthodoxe, qui s’est par la suite écrit à Sierre, en Ligue suisse, aux côtés de son gendre, Éric Castonguay.
«Je ne pense pas qu’il y a beaucoup d’entraîneurs au Canada qui auraient dû aller coacher junior A en Alberta après avoir gagné deux Coupes Memorial, réfléchit-il. Mais je suis fier de l’avoir fait. Il y avait des questions qui demeuraient sans réponse, je voulais aller jusqu’au bout des choses.»

À Oshawa, le club finaliste de l’an dernier dans l’OHL, Mario Pouliot a le mandat d’épauler Brad Malone qui, à 35 ans seulement, en est à ses débuts dans le métier. «Je suis ici pour partager mon expérience et m’assurer qu’on s’en va dans la bonne direction, décrit-il. J’aime mon rôle, je touche à tout!»
Qui sait si cette aventure ontarienne ne lui rouvrira pas des portes ailleurs, peut-être même au Québec? «Je ne le sais pas, on verra bien ce qui va ressortir de tout ça!» se contente-t-il de dire d’un ton prudent.
Triste pour Bathurst

À distance, Pouliot a suivi avec émotion la lente agonie du Titan d’Acadie-Bathurst, l’organisation avec laquelle il a vécu la grande euphorie lors de la conquête du championnat national il y a de cela déjà sept ans.
«Bathurst occupera toujours une place importante dans mon cœur, indique-t-il. Je pense que la Coupe Memorial de 2018 est peut-être le plus beau des accomplissements de ma carrière.»
«Je suis triste que les gens de la place perdent leur concession, parce qu’avec Sly [Sylvain Couturier, son DG de l’époque], on avait vraiment été capable d’atteindre les plus hauts sommets.»
— Mario Pouliot, l’entraîneur associé des Generals
Lors de l’entrevue, Mario Pouliot s’amuse à dire à plusieurs reprises qu’il n’y «a rien qui arrive pour rien dans la vie». Les hasards, très peu pour lui.
On réussit à le faire sourire en lui disant qu’on le croisera peut-être à Rimouski, à la fin mai, lors du prochain tournoi de la Coupe Memorial, un premier grand rendez-vous du hockey junior canadien présenté en territoire québécois depuis 2015, l’année de la conquête… des Generals d’Oshawa de Michael McCarron à Québec.
Ces mêmes Generals ont confirmé, dimanche, leur place en finale de l’Est dans la Ligue junior de l’Ontario (OHL), série lors de laquelle ils auront rendez-vous avec le gagnant du duel éliminatoire qui oppose Barrie à Kingston.
«Je ne pense pas trop à demain, mais ce serait plaisant!» rigole le champion de deux Coupes Memorial.
Jamais deux sans trois?
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