12:15 pm - 24 octobre, 2025

L’introduction, en noir et blanc, en révèle beaucoup sur la direction que compte emprunter ce long métrage surprenant et touchant. Le jeune Bruce va chercher son père à la taverne, à la demande de sa mère.

Il y est donc beaucoup question de la relation père-fils, mais aussi de la profonde dépression dans laquelle s’enfonce Springsteen après l’énorme succès de son cinquième effort, The River (1980). Un sujet sur lequel il s’ouvre un peu dans son autobiographie Born to Run.

Pour explorer cette période, l’œuvre de Scott Cooper repose sur Deliver Me From Nowhere. L’essai de Warren Zanes décortique la création d’un album singulier, l’un des meilleurs de l’histoire du rock et celui qui définit Springsteen comme artiste: Nebraska.

En 1981, au début de la trentaine, The Boss (joué très honnêtement par Jeremy Allen White) s’installe dans une maison isolée de Colts Neck, New Jersey, pour confronter ses démons. À l’aide d’une console quatre pistes, il enregistre 17 chansons, lancinantes et d’une poignante lucidité.

L’auteur-compositeur-interprète s’inspire, entre autres, du film néo-noir Badlands (1973) de Terrence Malick. Nebraska met en scène hors-la-loi, meurtriers et cols bleus qui s’épuisent dans une chienne de vie – comme son père.

Chef-d’œuvre

Outre Badlands, Délivrez-moi de nulle part fait référence à La nuit du chasseur (1955), le chef-d’œuvre de Charles Laughton. Pas sur le plan formel – la réalisation s’avère plutôt convenue même si elle est magnifiée par la direction photo de Masanobu Takayanagi –, mais plutôt comme une allégorie de l’état d’esprit de Springsteen.

«J’ai du poison dans mon sang», confie-t-il à Jon Landau (Jeremy Strong), son gérant et confident. La force de Délivrez-moi de nulle part repose en grande partie sur cette amitié singulière, dans laquelle Strong, particulièrement juste, s’y révèle franchement émouvant.

En fait, Cooper a choisi le chemin le moins évident avec son hommage à Bruce Springsteen. Délivrez-moi de nulle part s’avère un film intimiste qui prend son temps. Il cherche à dévoiler, comme on l’a dit, l’homme (terrifié à l’époque) derrière le mythe.

Bien sûr, il emprunte également les sentiers (très) battus de l’artiste torturé. Mais comment peut-il en être autrement pour traduire l’essence de Springsteen, en général, et de Nebraska en particulier?

Je dois avouer qu’il s’avère plus ardu pour le fan que je suis d’évaluer l’intérêt pour quelqu’un qui connaît peu ou prou Bruuuuuuce. Tout ce qui entoure Nebraska revêt un aspect mythique.

Mais plus j’y pense, plus je crois que la difficile relation de Bruce et de son père Douglas, qui traitait ses problèmes de santé mentale par la bouteille, a une portée universelle. Et que l’histoire de ce film, au fond, tout le monde peut s’y identifier: le besoin d’un fils d’entendre son paternel lui dire sa fierté et son amour.

Springsteen: Délivrez-moi de nulle part est présenté au cinéma.

Au générique

  • Cote: 7,5 / 10
  • Titre: Springsteen: Délivrez-moi de nulle part
  • Genre: Drame biographique
  • Réalisation: Scott Cooper
  • Distribution: Jeremy Allen White, Jeremy Strong
  • Durée: 1 h 59

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Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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