Adapté des romans jeunesse de Stéphanie Lapointe – qui signe également le scénario –, Fanny réussit brillamment le passage de la page à l’écran.
Le récit conserve toute la richesse émotionnelle de l’œuvre originale tout en se déployant avec une réelle finesse cinématographique.
Fanny (interprétée par Milya Corbeil Gauvreau), 15 ans, est une adolescente marquée par l’absence récurrente de son père (Éric Bruneau) et la perte de sa mère, décédée lorsqu’elle était enfant.
Un jour, elle découvre avec stupéfaction que son père lui a caché l’existence de Lorette (Magalie Lépine-Blondeau), la sœur de sa mère.
Ébranlée par cette révélation, elle part à la recherche de cette branche méconnue de sa famille.
Ce périple sera aussi l’occasion pour Fanny de se lier d’amitié avec Henry (Léokim Beaumier-Lépine) et Léonie (Adélaïde Schoofs), qui l’accompagneront dans sa quête de vérité autour de la mort mystérieuse de sa mère.
Le tout se déroule dans les paysages sublimes du Bas-Saint-Laurent, qui ajoutent une dimension poétique au récit.
En plus de cette magnifique région québécoise, le film a également été tourné à Tokyo. Mais cela ne brise aucunement le rythme. Au contraire.
Chaque lieu a son importance dans l’arc narratif de l’histoire.
Pour ce qui est de l’enquête de Fanny, elle est fascinante à observer.
Chaque étape de cette enquête captivante enrichit le suspense et pousse le spectateur à émettre ses propres hypothèses: que cachent vraiment les personnages incarnés par Éric Bruneau, Magalie Lépine-Blondeau, ou encore Claude Legault, dans le rôle intrigant d’un ancien professeur de navigation?
Par rapport à ce dernier, sa présence est impressionnante. Non pas par la fréquence de ses dialogues, mais pas la force de ceux-ci.
Quand son personnage parle, c’est qu’il a quelque chose à dire, qui sera fondamental pour la suite de l’histoire.
Mention honorable également pour la mise en scène de Yan England qui se distingue par son rythme soutenu, évitant les longueurs superflues, même lors des séquences plus introspectives.
Il sait trouver l’équilibre entre tension dramatique et profondeur émotionnelle, rendant l’expérience à la fois fluide et poignante.
Legault impressionne
En plus de Claude Legault, le reste de la distribution impressionne par la justesse de son jeu.
Milya Corbeil Gauvreau brille dans son cinquième rôle au cinéma: elle incarne une Fanny à la fois vulnérable, bouleversante et animée par une force intérieure palpable.
Ses scènes partagées avec Éric Bruneau, notamment dans les dernières minutes du film, sont d’une intensité rare.

Stéphanie Lapointe signe un scénario d’une grande sensibilité, abordant des thèmes lourds — le deuil, les non-dits familiaux, la résilience — avec justesse et nuance, sans jamais tomber dans le mélodrame.
Avec Fanny, Yan England confirme et dépasse ce qu’il avait amorcé dans 1:54 et Sam.
Il affine sa signature artistique et démontre une maturité nouvelle en tant que cinéaste.
Cette manière de raconter un récit, qui rappelle beaucoup Stand By Me, devrait être davantage exploité dans le cinéma québécois.
Il y a moyen au Québec de faire des aventures captivantes, dynamiques, qui parviennent à garder le spectateur alerte du début à la fin.
Fanny en est un bel exemple.
Portée par une réalisation soignée, une photographie vibrante et un jeu d’acteurs remarquable, Fanny est une œuvre touchante, intelligente et profondément humaine, qui saura sans aucun doute trouver un écho auprès du public québécois.
Fanny est présenté au cinéma.
Au générique
- Cote: 8,5/10
- Titre: Fanny
- Genre: Drame
- Réalisation: Yan England
- Distribution: Milya Corbeil Gauvreau, Éric Bruneau, Magalie Lépine-Blondeau
- Durée: 1 h 54
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