9:29 am - 19 juin, 2025

Menée par plus de 60 scientifiques, l’étude indique que le budget carbone de 1,5 °C — la quantité de CO2 pouvant être émise tout en restant sous cette limite — s’élève à environ 130 milliards de tonnes début 2025.

Au niveau actuel, ce budget serait épuisé en un peu plus de trois ans. Au cours de la prochaine décennie, les budgets pour les seuils de réchauffement de 1,6 et 1,7 °C sont également menacés, selon le rapport.

Damon Matthews, professeur à l’Université Concordia, a mentionné que «chaque augmentation compte» pour éviter des impacts climatiques de plus en plus graves, du dégel du pergélisol aux incendies de forêt dévastateurs.

«La question est désormais de savoir jusqu’où nous pouvons maintenir le pic de température et si nous pouvons mettre en œuvre des mesures pour revenir à ce niveau d’ici la fin du siècle», a indiqué M. Matthews, coauteur du rapport et expert en budget carbone.

L’Accord de Paris de 2015 engageait les pays à poursuivre leurs efforts pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C et le maintenir bien en dessous de deux degrés par rapport à la moyenne préindustrielle, un garde-fou pour éviter certains des impacts climatiques les plus catastrophiques et irréversibles.

Cet objectif plus ambitieux a été promu par de petites nations insulaires et soutenu par un consensus scientifique émergent, qui a montré qu’il réduirait les risques de chaleur extrême, d’élévation du niveau de la mer et d’inondations côtières.

«Dépasser ce niveau constitue un échec politique majeur : nous n’avons pas réussi à nous mobiliser assez rapidement pour résoudre ce problème, a avancé M. Matthews. Nous avons besoin d’un soutien public unanime pour une action audacieuse et ambitieuse visant à changer le système.»

Le troisième rapport annuel sur les Indicateurs de l’évolution du climat mondial propose plusieurs mesures présentées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui publie des rapports d’évaluation complets sur les dernières avancées scientifiques en matière de climat tous les cinq à sept ans.

Le rapport révèle qu’entre 2019 et 2024, le niveau moyen mondial de la mer a augmenté d’environ 26 mm. C’est plus du double du taux annuel à long terme d’environ 1,8 mm enregistré depuis le début du XXe siècle, selon le rapport publié dans la revue Earth System Science Data.

Il confirme également les conclusions de plusieurs autres évaluations, selon lesquelles les températures à la surface de la planète ont dépassé 1,5 degré l’an dernier pour la première fois. Il attribue environ 1,36 degré de ce réchauffement à l’activité humaine, due à la combustion des énergies fossiles.

Dépasser le seuil de 1,5 degré en une seule année ne signifie pas que l’objectif de Paris a été dépassé. Cependant, le rapport estime que la poursuite des émissions aux niveaux actuels pourrait entraîner un réchauffement d’origine humaine de 1,5 degré en cinq ans.

«La seule façon d’éviter des conséquences encore pires est de s’engager, de poursuivre les efforts et de mettre en œuvre les mesures nécessaires pour transformer le système énergétique et réduire les émissions», a expliqué M. Matthews.

Ces conclusions font suite au Sommet du G7 organisé par le Canada, où le changement climatique a largement échappé aux discussions. Une déclaration commune des dirigeants sur les efforts visant à prévenir et à atténuer les incendies de forêt a été critiquée par certains groupes et scientifiques œuvrant pour le climat, car elle ne mentionnait pas comment le changement climatique a alimenté ces feux.

Par ailleurs, le soutien du premier ministre canadien Mark Carney à la construction de nouveaux oléoducs a également inquiété certains climatologues.

«Nous ne parviendrons pas à réduire les émissions si nous continuons à construire de nouvelles infrastructures pour les combustibles fossiles», a déclaré M. Matthews, qui siège également à un groupe consultatif d’experts chargé d’aider le gouvernement fédéral à atteindre ses objectifs climatiques.

Ce groupe consultatif pour la carboneutralité a recommandé au Canada d’adopter un budget carbone national fixé entre 10 000 et 11 000 mégatonnes de CO2. Au niveau d’émissions actuelles du Canada, ce budget serait épuisé d’ici environ 15 ans.

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Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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