10:40 am - 21 juin, 2025

Dans le premier cas, les employés de la SAAQ s’autoproclament en apparence victimes d’un système de gouvernance favorisant la collusion et l’extorsion de fonds publics tandis que dans le deuxième cas, l’accusé au procès pour agression sexuelle se dit victime d’un système d’extorsion légalisé.

Dans les deux cas, il s’agit de comportements d’aveuglement volontaire où l’art de se donner bonne conscience face à une dérive d’abus de pouvoir et de laisser-faire en niant toutes responsabilités.

Complicité et absence de sanction

Dans une société aussi riche et éduquée que la nôtre, il est de bon ton de pardonner à ceux et celles qui abusent de leurs privilèges, sans les sanctionner de peine de prison ou d’amendes salées.

Nous sommes tous complices collectivement de comportements qui sont éthiquement impardonnables et socialement dégradants pour le citoyen qui respecte les lois, paie ses taxes et impôts tout en désirant protéger les plus vulnérables, jeunes, femmes et enfants de prédateurs et abuseurs de toutes sortes.

Souvenons-nous qu’il aura fallu des dizaines d’années pour dénoncer les abus faits aux jeunes autochtones dans les pensionnats, aux victimes de prêtres pédophiles que le clergé cachait et déménageait d’une paroisse à une autre afin de maintenir l’omerta dans l’Église catholique qui jusque-là était intouchable.

Pensons aussi au scandale des commandites fédérales et à la complicité de la classe politique qui a tout fait pour cacher le détournement de fonds de plusieurs dizaines de millions.

Pendant que nous adoptons de multiples lois et règlements, créons des organismes de surveillance, faisons de multiples rapports d’enquêtes externes, nous apprenons régulièrement qu’elles ne sont pas appliquées ou respectées et qu’aucune sanction ne semble prévenir d’éventuels dérapages.

Avec un tel constat, je constate que nous manquons de leaders inspirants, de gestionnaires compétents au niveau de l’éthique responsable, que nous ne valorisons pas le leadership assumé et préventif afin d’éviter d’éventuelles dérives d’abus de pouvoir.

Nous refusons collectivement d’évaluer de façon indépendante et continue la qualité de nos services et d’évaluer nos gestionnaires publics de peur de déplaire au système d’autoprotection mis en place pour s’assurer du silence et de la complicité de chacun.

Vers une culture civique éthique

Un changement de culture civique éthique s’impose afin que nous puissions avoir de nouveau confiance en nos services publics et la justice de nos tribunaux.

La réputation de l’État québécois est mise à mal et ne nous surprenons surtout pas de la montée d’idéologies extrêmes favorisant le chacun pour soi et l’abus de pouvoir face au laxisme actuel de l’État.

J’ai été extrêmement déçu du témoignage de l’ex-premier ministre Pierre Marc Johnson qui est venu témoigner en faveur de Gilbert Rozon à son procès pour agression sexuelle.

Cet homme d’État que j’admirais pour sa droiture et que j’ai côtoyé lorsque j’étais conseiller politique est le parfait exemple d’aveuglement volontaire où règne l’art de se donner bonne conscience malgré de nombreux témoignages soulevant un comportement de prédation et d’abus de pouvoir.

Vivement un changement de culture civique éthique responsable au sein de l’État et de notre système de justice.

— Jean Baillargeon, analyste et expert-conseil en communication stratégique

Lire l’article original ici.

Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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