7:24 am - 19 juin, 2025

L’écrivaine française ne s’étonne pas lorsqu’on lui parle de ses histoires qui donnent l’impression d’être dans un conte; de son plus récent roman qui enveloppe le public dans un monde à fois réel et magique, où tout est possible.

«Les contes, ça m’accompagne depuis toujours! […] Peut-être parce que, souvent, celle qui écrit, c’est l’enfant en moi je crois», estime Carole Martinez, en entrevue au Soleil.

Si elle souhaite que sa plume conserve une proximité avec les contes, c’est parce qu’elle les trouve merveilleux. Pourquoi? Principalement parce qu’ils «traversent nos vies, mais aussi le temps» et «l’humanité».

«Il y a quelque chose de très modeste [dans le conte]. Il y a une beauté, une simplicité, mais qui nous arrache […], nous fait peur, nous éclaire», observe la romancière, qui sera de passage au Salon international du livre de Québec dans les prochains jours.

La lecture de Dors ton sommeil de brute produit un peu cet effet, ce sentiment de pénétrer dans un univers lumineux où un drame se trame.

Entre les rêves et les cauchemars

Quoique porté par la lumière et la candeur de l’enfance, le plus récent roman de Carole Martinez ancre ses racines dans la réalité parfois plus sombre des adultes. L’autrice a d’ailleurs tissé les premiers fils de son histoire pendant la pandémie, alors qu’elle souffrait d’insomnie.

Alors que l’actualité avait des airs de fin du monde, l’écriture est devenue pour elle «une façon d’y échapper».

Comme pour ses œuvres précédentes, elle s’est informée à fond sur les sujets et les thèmes qui peupleraient les pages de sa nouvelle histoire. Elle est partie à la recherche des «fléaux» des «textes fondateurs», mais a aussi lu le sommeil.

«Durant les moments où je ne dormais pas, plutôt que dormir, je cherchais des choses autour du sommeil. […] En occident, on dit que le rêve est quelque chose d’extrêmement clos, d’intime, qui nous donne des nouvelles de notre inconscient. Mais ce n’est pas le cas partout [dans le monde]», raconte Mme Martinez.

En écrivant Dors ton sommeil de brute, tout ce qui entoure le sommeil est donc devenu un lieu fertile, un espace à explorer.

Ses lectures teintent ainsi la trame de son livre : chaque nuit, tous les enfants du monde font, en même temps, le même rêve et poussent un long cri.

«J’ai associé cette histoire de pandémie, de confinement et le rêve. Je me suis dit : “ce serait tellement intéressant de faire une épidémie de rêves”… Et cette idée que quelque chose essaie de communiquer avec l’Humanité à travers les rêves de ses enfants», note l’écrivaine à qui l’on doit notamment Le cœur cousu (2007).

Au cœur de cette histoire, les lecteurs découvriront également Eva qui a quitté subitement son mari et s’est enfuie avec leur fille, Lucie. Coupée du monde, entourée par la nature sauvage, Eva devra elle aussi affronter ce qui visite les songes de son enfant en plein cœur de la nuit.

Au fil des pages, Carole Martinez a tenté de recréer le sentiment qui l’habitait elle-même durant la pandémie, alors qu’elle était isolée avec sa petite famille.

«On écoutait énormément la radio. On regardait plein de choses sur internet. On avait la télé. On était toujours dans le bruit de l’humanité entière qui traversait quelque chose [de semblable] à ce qu’on était en train de vivre… alors qu’on était complètement isolé. […] On partageait ce moment, cet événement mondial, tout en étant complètement replié. Je voulais recréer ça», explique l’autrice Du domaine des murmures (2011), qui lui a valu le prix Goncourt des lycéens.

Le monde, vu de l’enfance

À travers Dors ton sommeil de brute, Carole Martinez fabrique un prisme unique pour observer les changements climatiques.

Loin d’être pessimiste, son œuvre propose plutôt au public d’observer cette crise par la nature et l’enfance. Un angle qui tente «d’éclairer» cet immense défi auquel fait face l’humanité.

«C’est aussi cette question : est-ce que, malgré tout, on peut mettre un enfant au monde? Le roman tente d’y répondre», souligne Mme Martinez.

Par les yeux de la petite Lucie et l’imagination fertile de son autrice, on redécouvre ainsi le monde qui nous entoure et la vie dont il regorge.

«On a souvent l’impression que nous, les adultes, on est les initiateurs des enfants. Mais, en vérité, ça va dans les deux sens. […] À travers leur regard, leur fraîcheur, les premières fois, on redécouvre le monde et sa beauté», estime la femme de 58 ans.

Carole Martinez sera de passage au Salon international du livre de Québec les 11, 12 et 13 avril pour des séances de dédicace, un grand entretien ainsi qu’une table ronde, aux côtés d’Heather O’Neill et de Virginie de Champlain.

Pour notre couverture complète du salon, c’est ici.

Lire l’article original ici.

Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

© 2025 Le Quotidien. Tous droits réservés. Réalisé par NewsBlock.
Exit mobile version