L’Intelligence artificielle. Deux mots qui font rêver, qui intriguent, qui inquiètent. Certains y voient une révolution comparable à l’invention de l’électricité. D’autres redoutent une menace pour nos emplois, nos libertés, notre humanité même. Entre fascination et peur, l’IA s’installe dans nos vies, qu’on le veuille ou non.
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Elle est déjà là : dans nos téléphones qui anticipent nos besoins, dans les plateformes qui recommandent nos musiques et nos films, dans les hôpitaux qui détectent des maladies mieux que certains médecins, dans les entreprises qui automatisent leurs services. Invisible mais omniprésente, elle redessine nos quotidiens.
Mais posons-nous la vraie question : qu’allons-nous en faire ?
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Car l’IA n’est ni ange ni démon. C’est un outil. Et comme tout outil, elle peut libérer ou asservir. Elle peut aider un agriculteur africain à mieux gérer ses récoltes… ou manipuler des élections. Elle peut sauver des vies en chirurgie… ou produire des armes autonomes. Elle peut rapprocher les cultures… ou accentuer les fractures.
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L’histoire nous l’a appris : chaque progrès technique révèle autant nos grandeurs que nos faiblesses. L’électricité a éclairé les villes, mais aussi alimenté les armes. Internet a ouvert les frontières, mais aussi multiplié les fake news. L’IA ne fera pas exception.
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Alors, quel rôle pour nous, humains ? Peut-être celui de gardiens. Garder le cap, garder du sens. Ne pas laisser les algorithmes décider à notre place de ce qui est juste, beau ou vrai. Ne pas sacrifier notre esprit critique sur l’autel du confort numérique.
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L’IA, au fond, nous tend un miroir. Elle copie nos mots, nos images, nos comportements. Elle imite notre intelligence… mais elle ne ressent pas, elle n’aime pas, elle ne rêve pas. Et c’est là que réside la différence essentielle : la chaleur d’un sourire, la vérité d’une émotion, la beauté d’un silence ne seront jamais codées.
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La vraie question n’est donc pas : « L’IA va-t-elle remplacer l’homme ? »
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La vraie question est : « L’homme s’aura-t-il rester humain dans un monde gouverné par des machines ? »
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Nous avons un choix : laisser l’IA nous déposséder de notre humanité, ou l’apprivoiser pour qu’elle serve nos valeurs, nos cultures, nos rêves. Car la technologie n’est qu’un prolongement de nous-mêmes. Si nous mettons dans l’IA notre avidité, elle nous détruira. Si nous y mettons notre humanité, elle nous élèvera.
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Et si, au lieu de craindre l’IA, nous l’utilisions comme un rappel ? Un rappel que ce qui nous rend uniques, ce n’est pas de calculer vite ou de mémoriser beaucoup… mais de créer, de ressentir, d’aimer.
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Car face à la machine, notre plus belle victoire sera toujours de rester profondément humains.
Marie Barboza MENDY
Chronique hebdomadaire – Regards croisés d’une Franco–Sénégalaise
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