Dans les usines, les commerces, les services, l’hôtellerie, la restauration, le transport ou encore la santé, le constat est le même: sans immigration, nos organisations s’essoufflent. Et pourtant, les règles qui encadrent l’accueil des travailleurs étrangers temporaires (TET) et des étudiants internationaux continuent d’être pensées comme si la réalité des régions pouvait se calquer sur celle des grands centres.
Chaque semaine, des entrepreneurs me confient manquer de main-d’œuvre pour répondre à la demande. Les effets sont concrets: perte de compétitivité, occasions manquées et équipes à bout de souffle.
Le poids des règles restrictives
L’un des irritants majeurs concerne la lourdeur et la lenteur administrative. Les délais pour obtenir un permis de travail ou pour faire venir un étudiant étranger sont incompatibles avec le rythme des affaires. Dans certains cas, les entreprises attendent des mois avant de pouvoir accueillir les travailleurs dont elles ont cruellement besoin. Résultat: elles stagnent ou déclinent.
Les récentes restrictions imposées au Programme des travailleurs étrangers temporaires viennent ajouter une pression inutile. Limiter les seuils ou imposer des contraintes rigides, sans tenir compte des besoins réels du terrain, c’est condamner plusieurs de nos PME à tourner au ralenti, voire à fermer des départements entiers.
Retenir les étudiants internationaux
Il ne faut pas oublier les étudiants étrangers. Dans nos cégeps et universités, ils représentent une relève précieuse, curieuse de contribuer à notre société. Pourtant, trop souvent, ils se heurtent à des règles complexes qui limitent leur possibilité de travailler pendant leurs études ou de s’établir durablement chez nous après l’obtention de leur diplôme.
Or, chaque étudiant étranger qui choisit Chaudière-Appalaches enrichit notre tissu social et économique. Il apprend notre culture, participe à notre vie communautaire et apporte une expertise qui profite à l’ensemble de la région. Les perdre au profit d’autres provinces ou pays, faute de conditions favorables, est un non-sens.
Une réalité régionale ignorée
Ce qui est peut-être le plus frustrant, c’est que les règles actuelles sont pensées comme si tout le Québec avait les mêmes défis. Or, notre réalité régionale est spécifique.
Nos entreprises sont souvent plus petites, plus familiales, plus enracinées dans leur communauté. Elles n’ont pas les mêmes ressources qu’une multinationale de Montréal ou de Toronto pour naviguer dans les méandres bureaucratiques.
À Lévis et dans Chaudière-Appalaches, nous avons pourtant la volonté et la capacité d’accueillir davantage de travailleurs et d’étudiants étrangers. Nos infrastructures, nos écoles, nos organismes communautaires, nos employeurs sont prêts. Ce qui manque, ce sont des règles qui tiennent compte de notre réalité.
Une solution incontournable
Soyons clairs: la robotisation, l’intelligence artificielle et la formation de la relève sont des avenues prometteuses. Mais elles ne suffiront pas à court terme. Dans plusieurs secteurs, la présence humaine reste indispensable. Un robot ne remplacera pas une préposée aux bénéficiaires, un serveur, un mécanicien ou un chauffeur de camion.
C’est pourquoi l’immigration n’est pas une option parmi d’autres, elle est une solution incontournable pour maintenir nos services, soutenir notre croissance et assurer notre vitalité régionale.
Depuis plusieurs mois, la CCIGL porte haut et fort cet enjeu crucial des travailleurs étrangers temporaires, en concertation avec d’autres chambres de commerce partout au Québec. Ensemble, nous réclamons une réforme des programmes d’immigration qui tienne compte des besoins réels du terrain et des réalités régionales. À la fin octobre, nous irons d’ailleurs présenter un mémoire à l’Assemblée nationale dans le cadre des consultations sur la planification pluriannuelle de l’immigration 2026-2029. Notre message sera clair: la prospérité des régions passe par une immigration mieux adaptée, plus agile et plus prévisible.
Un choix de société
Il est urgent que les gouvernements entendent ce cri du cœur lancé par nos entreprises. Il faut simplifier les démarches, accélérer les délais, assouplir les seuils et, surtout, adapter les règles aux réalités des régions.
Chaudière-Appalaches n’est pas un appendice de Montréal ou de Québec. C’est une région économique forte, exportatrice, innovante et résolument tournée vers l’avenir.
Mais pour continuer à jouer ce rôle, elle a besoin de bras, de talents et de têtes.
Au fond, la question n’est pas seulement économique, elle est aussi sociale. Voulons-nous des régions vivantes, où les commerces sont ouverts, où les services sont accessibles, où les jeunes trouvent des emplois et où les familles s’enracinent? Si oui, il faut accueillir celles et ceux qui choisissent de venir travailler, étudier et s’installer chez nous.
L’immigration, ce n’est pas une menace. C’est une chance. C’est une main tendue. C’est une bouffée d’air pour nos entreprises et pour toute la communauté.
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