Les intellectuels africains en l’occurrence sénégalais doivent mieux se préoccuper du développement du continent et de son émergence sur la scène internationale. Nous regrettons la manipulation des masses africaines qui islamise le conflit entre Israël et l’Iran. En quoi cette guerre est contre l’islam ?Â
 Les Etats concernés sont dans une posture rationnelle de sécurité et de géopolitique. En dehors des anciennes puissances aucun Etat ne doit posséder la bombe nucléaire au risque d’une déstabilisation de l’ordre mondial en cours et au pire menacer l’existence de l’humanité. C’est une loi de la nature que le plus fort préserve ses intérêts. En conséquence, il est aussi naturel que le plus faible résiste en développant ses propres stratégies. Toutefois ces stratégies doivent être responsables. Il faut d’abord avoir les moyens de sa résistance notamment par l’armement et la technologie et ensuite assumer ses choix. Ce qui est regrettable est que nous assistons à une influence sur les peuples africains entre autres qui se joue sur les affinités religieuses. Le prétexte de la guerre contre l’islam permet de recruter l’opinion publique en Afrique.
La disposition de la bombe nucléaire nécessite l’exploitation de l’uranium enrichie à 90%. Les derniers accords de désarmement de 2015 signés par l’Iran fixé l’enrichissement de l’uranium à 3,67% dans un but exclusivement civil. Entre 2021 ET 2022 il a été à 60% d’enrichissement d’uranium. Au préalable, l’Iran a signé plusieurs accords et traités internationaux concernant le nucléaire civil et militaire pour encadrer ou limiter son programme nucléaire.
Quelques rappels des accords, sur le nucléaire civil et militaire, signés entre l’Iran et les USA, la Chine, l’UE, la Russie, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne.
En 1968, l’Iran a signé le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et celui-ci a été ratifié en 1970. Pour ce premier accord, l’Iran s’engage à ne pas fabriquer ni acquérir d’armes nucléaires. En échange, il peut développer un programme nucléaire civil sous contrôle de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). L’Iran doit déclarer toutes ses installations nucléaires et accepter les inspections de l’AIEA. Donc il accepte d’être surveillé. Plus tard, en 2003 l’Iran signe le Protocole additionnel au TNP. Celui-ci est suspendu en 2006 puis l’applique à nouveau volontairement en 2016 dans le cadre du JCPOA jusqu’en 2021 date du retrait des États-Unis de l’accord. Pour cet accord l’Iran autorise des Inspections renforcées et inopinées par l’AIEA et vise à renforcer la transparence du programme nucléaire iranien.
Aussi en novembre 2013, l’Iran signe l’Accord de Genève – « Joint Plan of Action » avec les pays suivants : États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni + Allemagne. Pour cet accord l’Iran s’engage à un Gel temporaire de certaines activités nucléaires iraniennes. A la Réduction de l’enrichissement d’uranium à 5 % maximum, à la Conversion du stock d’uranium enrichi à 20 % en uranium faiblement enrichi ou en oxyde. Il reçoit en échange un Allègement partiel des sanctions économiques.
En juillet 2015, pour garantir que son programme nucléaire reste strictement pacifique, l’Iran signe avec les six pays précités et l’union européenne comme septième signataire, l’accord JCPOA – Plan d’action global commun. Dans cet accord il s’engage à limiter l’enrichissement d’uranium à 3,67 % (suffisant pour l’usage civil, loin du seuil de 90 % pour une arme nucléaire) à Réduire son stock d’uranium enrichi à 300 kg maximum, à Réduire à 5 060 le nombre de centrifugeuses opérationnelles (sur les 19 000 d’avant 2015) à Ne pas construire de nouveaux réacteurs à eau lourde et à Autoriser des inspections strictes de l’AIEA. En échange l’Iran aura une Levée progressive des sanctions économiques par les États-Unis, l’UE et l’ONU.
Après le retrait des Etats- Unis par Donald Trump du JCPOA en mai 2018 , l’Iran commence à s’affranchir progressivement des limites de l’accord à partir de 2019. L’Iran atteint des taux d’enrichissement d’uranium supérieurs à 60 % entre 2021–2022, ce qui viole les limites du JCPOA, mais reste encore en deçà du seuil militaire ( qui est environ de 90 %).
Il ne s’agit pas d’une guerre contre l’islam.
Le conflit politique contemporain entre Israël et la Palestine ne figure nulle part dans les textes coraniques. C’est un conflit géopolitique, non religieux à la base, même si certains discours en font un enjeu religieux.
Le coran n’appelle pas à la haine des Juifs en tant que peuple. Il critique certains comportements historiques, comme il le fait pour d’autres communautés, mais appelle à la justice, au dialogue et à la foi. Le coran ne mentionne pas Israël comme un État politique moderne à détruire.
Il n’y a aucun commandement explicite dans le Coran pour attaquer un peuple simplement en raison de son identité juive.
Le Coran appelle globalement à la justice, même avec ceux que l’on considère comme ennemis : « Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. » (Sourate 5, verset 8)
Le Coran invite au dialogue avec les Gens du Livre (Juifs et Chrétiens) dans le respect : « Ne discutez avec les gens du Livre que de la meilleure manière […] » (Sourate 29, verset 46)
Le Coran parle à de nombreuses reprises des « Enfants d’Israël », c’est-à -dire les descendants de Jacob (Ya‘qÅ«b). Ces versets rappellent leur élection divine (ex. : Sourate 2, verset 47). Par exemple : « Ô enfants d’Israël, rappelez-vous Mes bienfaits dont Je vous ai comblés, et que Je vous ai préférés aux mondes. » (Sourate 2, verset 47). Ces versets critiquent certaines désobéissances religieuses de groupes parmi eux (comme pour d’autres peuples, y compris les Arabes). Ces versets appellent à croire en Dieu et en ses prophètes.
Dr. Pascal OUDIANE.
Sociologue, enseignant chercheur.
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