À l’aube de son 80e anniversaire, la chanteuse avoue avoir traversé une période difficile depuis la pandémie.
« J’ai été opérée quatre fois, j’ai eu un traumatisme énorme et j’ai failli mourir », confie-t-elle. « Mais oui, j’aimerais ça monter sur scène de nouveau », poursuit celle qui s’était produite au Centre Vidéotron avec l’Orchestre symphonique de Québec en 2017.
L’artiste, qui est toujours l’une des plus grandes voix du Québec, reçoit d’ailleurs une pluie d’honneurs depuis quelques semaines.
Avant d’être faite commandeur de l’Ordre des arts et des lettres, elle avait reçu la médaille du roi Charles III et avait été admise au Panthéon de la musique canadienne.
(Caroline Grégoire/Le Soleil)
Ginette Reno ne boude d’ailleurs pas son plaisir. « Donnez-moi-en, je suis capable d’en prendre! », s’amuse-t-elle en entrevue. « Je pense qu’ils sentent ma mort… », laisse-t-elle ensuite tomber.
Mais malgré tout, l’interprète de Je ne suis qu’une chanson jure qu’elle n’a pas poussé sa dernière note de sa voix chaude et puissante.
J’essaie de retrouver un certain équilibre, dans mon système nerveux… Je médite beaucoup, je prie beaucoup… Ces moments de silence sont très importants pour moi.
—  Ginette Reno
Près du public
Sa difficulté à rester debout durant de longues périodes est l’une des raisons qui l’ont tenue loin de la scène qu’elle adore.
« Mais je regarde Tom Jones qui fait des « shows » complets en restant assis et je me dis que ça pourrait être possible. Ça me manque. Je ne serais pas capable d’arrêter de chanter », avoue Ginette Reno, qui s’ennuie surtout des spectacles intimes en raison du contact étroit avec le public.
On sent d’ailleurs à travers la discussion qu’on ne doit pas s’attendre à une longue tournée de grands amphithéâtres de la part de la lauréate de vingt prix Félix et quatre prix Juno.
« J’ai toujours eu de la difficulté après 20 concerts. Pas seulement ma voix, mais tout mon devient fatigué. Et je n’ai jamais aimé chanter devant 6 000 ou 7 000 personnes, il n’y a pas d’intimité.»
Je préfère les spectacles où je suis proche du public et où je peux parler de mes chansons, raconter comment elles ont été créées
—  Ginette Reno
Enseigner
Car malgré son absence sur scène, Ginette Reno chante toujours. « Je me couche le soir, je prends mon toutou et je chante des chansons à la petite fille qui est encore en moi », avouera-t-elle, ajoutant qu’elle aimerait aussi transmettre son savoir dans des classes de maîtres pour les jeunes chanteurs.
« Je donne parfois des cours et il y a des jeunes qui chantent toujours sur le même ton, pas de nuance. Ils se disent qu’ils ont une belle voix. Mais qu’est-ce que tu vas faire avec, épais? », poursuit-elle avec son franc-parler.
Elle travaille aussi à l’écriture d’un livre. « Un livre avec une vingtaine de chansons, pour des funérailles, des mariages, pour l’amour, pour la vie. Je voulais l’appeler Entre le ciel et la terre ou Entre la vie et la mort mais on a tous un peu peur de dire le mot mort .»
Je suis croyante, mais parfois, j’ai de la misère. Des fois j’ai peur de la mort aussi car j’ai reçu une éducation où on m’a dit que j’allais brûler en enfer.
—  Ginette Reno
« Pour ce qui est de l’amour, j’ai peut-être mal aimé. Un jour, quelqu’un m’a dit : « De l’amour, je ne suis pas venu pour en recevoir, je suis venu en donner », et j’ai trouvé ça très beau.»

Grâce à un ami
De l’amour, la chanteuse en a reçu beaucoup mardi d’Éric Lamouroux, consul général de France à Québec, avec un visioconférence son ami français Alain Binard.
Grand fan de Ginette Reno, M. Binard a travaillé depuis plusieurs année pour qu’elle reçoive cet honneur. « Tout ça, c’est grâce à lui! », lance-t-elle avec un sourire qui illumine son visage.
Avant de remettre sa médaille à celle qu’il appelle par son nom de naissance, soit Ginette Raynault, M. Lamouroux a relaté son impressionnante carrière de plus de 60 ans : plus de de 2 000 chansons, une quarantaine d’albums, tous d’or ou de platine, des rôles marquants au cinéma dans les films Léolo et Laura Cadieux.
« Ça fait bizarre de ne faire appeler Raynault… j’aime ça! », a répondu la chanteuse, fière d’être honorée par la France où elle a travaillé, entre autres avec Charles Aznavour pour L’Essentiel, mais aussi avec d’autres grands de la chanson française comme Serge Lama ou le compositeur Michel Legrand.
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