Selon une étude réalisée en France par la sociologue Anne Muxel, l’héritage familial est un élément décisif lorsqu’on se présente aux urnes.
Si la majorité des parents affirment ne pas parler de politique avec leurs enfants, l’experte avance que le sujet s’invite implicitement dans les ménages à travers les médias, les prises de position, les réactions et les préférences.
«L’enfance est peut-être le temps de l’innocence politique, mais c’est un temps où se fixent des repères et des référents affectifs qui orientent les choix ultérieurs du développement.»
—  Anne Muxel, sociologue spécialisée en politisation intime
Ainsi, les idéaux politiques des parents sont transmis dès le plus jeune âge, non pas à travers des discours idéologiques, mais par la communication des émotions et des goûts.
D’ailleurs, l’étude révèle que, même si l’adolescence est une période de rupture avec les modèles familiaux, le premier vote d’un jeune adulte correspond généralement aux idéaux politiques de ses parents.
L’accord doit primer sur le désaccord
L’experte explique cette filiation politique par l’apprentissage, oui, mais aussi par un désir de conformité.
«Même si l’autonomie est valorisée par les parents, la famille symbolise une identité commune. C’est donc confrontant lorsqu’une personne qui nous est chère ne partage pas les mêmes idées que nous», ajoute-t-elle.
Ce «risque affectif» qui entoure la politique pousse la majorité des membres d’une famille à garder secrètes leurs intentions de vote. Par peur de se disputer ou de constater des différends, la politique devient un sujet tabou.
«Cette protection permet d’échapper à la pression et éviter une divergence d’idéaux qui pourrait affecter la qualité des relations», indique le rapport.
Parmi les sujets qui divisent le plus les familles françaises, la politique se place au sommet, suivi de l’héritage et de la religion.
Cependant, même si la politique n’est pas présente dans le discours du quotidien, l’experte estime qu’elle est l’apprentissage le plus transmis dans une famille.
«Tout se passe comme si la politique définissait une zone de complicité silencieuse», observe-t-elle dans l’étude.
Ainsi, une fois aux urnes, plus de la moitié des électeurs cochent la même case que leurs parents.
La sociologue conclut que «l’accord idéologique renforce la cohérence et assure une appartenance commune. L’esprit de famille auquel on peut vouloir s’accrocher relève du désir de primer l’accord sur le désaccord».
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