L’auteur-compositeur et interprète s’est installé pour deux soirs au Minotaure, un bar-spectacle du Vieux-Hull, juste à la veille de terminer une séquence d’une douzaine de dates. C’est au Grizzly Fuzz de Québec, ce samedi, qu’il y mettra un terme afin de se donner une petite pause pour se remettre à l’écriture.
Neuf ans après son premier album intitulé Rite de passage, qui l’a révélé au public, Émile Bilodeau nous a proposé ce printemps un projet qui a brisé une routine pourtant bien établie.
Avec Bill aux Îles, le p’tit gars de Longueuil a pris son courage à deux mains et il s’est blotti bien au chaud dans une chaumière des Îles-de-la-Madeleine, en plein hiver, pour écrire un album qui réchauffe l’âme, mais qui marque une certaine solitude.
« De février à mars, j’ai écrit des tounes en solitaire et qui devaient aussi être jouées en solo, confie-t-il lorsque rencontré à quelques heures de son premier de deux spectacles qu’il présente au Minotaure, à Gatineau. J’ai compris que de jouer l’entièreté de la musique moi-même lors de l’enregistrement reflèterait cette solitude hivernale dans laquelle ces chansons ont vu le jour. »
C’est donc devant le public des Pas Perdus, un cabaret spectacle des Îles, que l’album a été enregistré à l’été 2024.
«Tout s’est fait en une soirée, le 18 mai 2024, explique-t-il. C’était une sorte de saut dans le vide, mais je voulais prendre ce risque. Aujourd’hui, le spectacle est le fruit de cette soirée de printemps aux Îles. Je suis seul avec mes instruments, le public et ces gens qu’on découvre dans le show grâce à leurs voix préenregistrées.»
Puisqu’il est seul sur scène, il devait pouvoir prendre des pauses. La mise en scène d’Hubert Proulx lui permet donc de remplir ces silences devenus nécessaires.
«Je dois souvent accorder mes instruments ou simplement prendre une gorgée d’eau et, puisque je déteste les silences, Hubert a trouvé le moyen de les remplir, explique-t-il. On entend donc des bouts d’entrevues que j’ai réalisés avec des artistes connus ou avec mes proches. Ça donne une dimension très personnelle au spectacle tout en offrant aussi au public des petits moments de répit.»

L’identité québécoise
Bien connu pour ses convictions indépendantistes, Émile Bilodeau saupoudre constamment ses chansons de ses élans identitaires.
«C’est dans ma nature, confie-t-il. Avoir une identité québécoise bien à nous servira également à nous réapproprier notre patrimoine ainsi que ceux et celles qui ont forgé notre identité. Entendre un premier ministre dire que Guy Lafleur est un héros “canadien” ne me plaît pas et il faut nommer ces choses-là.»
Émile Bilodeau est aussi très fier d’entendre de jeunes artistes tenir un discours indépendantiste ou un peu plus nationaliste, comme ce fut le cas récemment pour Lou-Adriane Cassidy,
Dans une récente entrevue accordée à Philippe Mercure, de La Presse, la jeune artiste a dévoilé sa ferveur pour le mouvement indépendantiste qui s’installe chez les jeunes actuellement. Mais, dans la même entrevue, elle insiste pour dire que cet élan est différent de celui qui soufflait dans les années 70 et 90.
«C’est un nouveau projet, c’est une nouvelle histoire, confiait-elle à La Presse. Le Québec d’aujourd’hui n’est pas le Québec des années 1970. Ce nouveau projet est axé vers le futur, pas vers les blessures du passé.»
Par contre, Émile insiste sur l’importance de bien comprendre notre histoire et ses références pour établir une cohérence dans les propos actuels.
«Il faut reconnaitre que les élans du passé font partie de notre démarche collective, dit-il. Ma passion pour l’histoire me permet d’ailleurs d’aller au bout de ma propre démarche identitaire.»
Nouvel album
Émile Bilodeau est clairement un artiste qui déteste l’immobilisme. Il est constamment à la recherche de ce qui pourrait porter sa musique ailleurs, là où on l’attend le moins.
Après ce projet en solo, c’est un retour à une formule bien entourée qu’il aspire.
«J’ai pris quelques mois récemment pour écrire une dizaine de chansons, confie-t-il. Je suis allé en studio avec mes musiciens pour faire quelques maquettes afin de les envoyer à un ami qui réalisera mon prochain album.»
Cet ami, c’est Philippe B, le même qui a réalisé le premier effort en studio d’Émile.

«Ouais, c’est un retour aux sources avec Philippe, dit-il. Je lui ai envoyé mes maquettes, dont plusieurs pièces n’ont pas beaucoup d’arrangement. Je veux lui laisser tout l’espace nécessaire afin qu’il baigne ma musique dans son propre univers.»
Les sonorités de ce nouveau projet risquent de flirter avec le country folk alors que d’autres pièces auront un ADN plus rock.
«Je veux me laisser surprendre par ma musique, dit-il. J’ai récemment acquis un banjo et une mandoline, ce qui m’a amené ailleurs. Le pedal steel sera aussi présent. On verra bien où cela va nous mener.»
Émile Bilodeau n’est pas un gars pressé. Aucune date de sortie n’est prévue pour l’instant, mais il nous a tout de même confié vouloir entrer en studio au printemps afin d’arriver à l’automne 2027 avec un produit bien emballé.
Après les deux soirées prévues au Minotaure, mercredi et jeudi, Émile Bilodeau transportera ses «Îles» à Warwick vendredi et à Québec samedi.
On le verra également l’an prochain à Magog le 7 février, à Longueuil le 13 février, à Saint-Prime le 18 février, à Saint-Casimir le 8 mars et à Cowansville le 21 mars.
On vous propose de visiter son site internet afin de consulter le calendrier complet de l’artiste.
Lire l’article original ici.