Une partielle demeure une partielle et une hirondelle ne fait pas le printemps.
Mais avec trois «hirondelles» depuis l’automne 2023, ce scrutin d’été donne des ailes au Parti québécois.
Mine de rien, le chef Paul St-Pierre Plamondon a doublé son caucus à l’Assemblée nationale en passant de trois à six depuis les élections générales de l’automne 2022.
En l’emportant dans Arthabaska lundi soir avec 46 % des voix, l’ex-animateur de l’émission matinale de Radio-Canada à Québec Alex Boissonneault devient le troisième péquiste à joindre l’équipe parlementaire du PQ.
Il y a eu Pascal Paradis dans Jean-Talon en octobre 2023 et Catherine Gentilcore dans Terrebonne en mars 2024. La tendance est lourde et réelle.
Je me souviens encore du choc, le 12 mai, en apprenant qu’Alex Boissonneault avec qui je collaborais à la radio chaque mardi matin, se lançait pour le PQ.
Mais qu’allait faire cet homme de 47 ans, père de quatre enfants, dans cette galère? Visiblement Alex Boissonneault avait vu juste.
Il a profité de l’élan du Parti québécois et du désamour pour la CAQ. Mais il a aussi mené une campagne sur le terrain axée sur ses origines, lui qui est né à Saint-Ferdinand. Visiblement, le PQ a su parler autant aux secteurs plus urbains comme Victoriaville qu’à la partie plus rurale de cette circonscription très largement francophone.
La victoire est d’autant plus révélatrice qu’Arthabaska n’avait pas voté pour le Parti québécois depuis 1998 pour le troisième mandat de Jacques Baril qui a occupé ce poste de 1989 à 2003.
L’ancien député, aujourd’hui âgé de 83 ans, a d’ailleurs participé sur le terrain à la machine électorale péquiste qui a mis le paquet dans cette campagne.
Victoire morale pour Duhaime
Un autre qui a tout donné dans cette course est Éric Duhaime.
La défaite est d’autant plus cruelle pour celui qui a sillonné la circonscription depuis un an. On sentait la déception et l’émotion dans le discours de défaite du chef du Parti conservateur. Mais il a trouvé le bon ton. Encaisser et regarder vers 2026.
Les rares qui pensent qu’une défaite remettrait en question son leadership, détrompez-vous.
Éric Duhaime sera là en 2026 pour changer ce qu’il décrit comme «la pire distorsion démocratique de l’histoire du Québec.»
Vrai que 500 000 personnes, soit 15 % de l’électorat qui ont voté pour le PCQ en 2022 n’ont toujours pas de représentants à l’Assemblée nationale.
Il y a peut-être un peu de l’effet «tout sauf Duhaime» dans la victoire péquiste.
Mais à près de 36 %, l’intérêt pour ses idées est indéniable. Quelque chose comme une victoire morale à l’issue d’une campagne pendant laquelle il aura réussi à imposer certains thèmes comme le prix de l’essence.
La défaite a malgré tout des airs de retour à la case départ.
Le défi d’Éric Duhaime est dès maintenant de prouver sa pertinence et garder l’énergie pour se faire entendre hors des murs du Parlement.
Défaite sur toute la ligne pour Legault
Avec à peine 7% des votes, la chute était attendue, mais pas moins brutale dans cette circonscription qui vote CAQ depuis 2012. Éric Lefebvre l’avait emporté avec un écrasant 51,7% en 2022.
Lundi, le caquiste Keven Brasseur a concédé la défaite dès 21h09 alors qu’une fraction des votes étaient dépouillés.
Un François Legault préparé au revers a suivi. Il ne s’est pas défilé en reconnaissant une fois de plus que les Québécois sont «déçus» et lui envoient un message. «J’assume l’entière responsabilité de la défaite d’aujourd’hui.»

Il a, sans surprise, répété qu’il sera en poste en 2026 et a rappelé que la CAQ fera les changements qui s’imposent. Une allusion directe au remaniement ministériel prévu début septembre.
Ça risque de jaser fort au caucus des 86 députés jeudi.
Pas de gros effet Pablo
Le Parti libéral mené depuis juin par Pablo Rodriguez s’était littéralement effondré en 2022 avec un maigre 3,7% des voix dans Arthabaska.
Atteindre 9,3% lundi est, mathématiquement, une croissance. Mais avec la qualité de leur candidate Chantale Marchand, avec un nouveau chef qui devrait donner un élan, on devait s’attendre à plus.
Comme première étape de la reconstruction, l’exercice n’a rien de convaincant.
En déclenchant cette élection en plein été, le premier ministre François Legault pensait peut-être faire passer ce scrutin sous silence.
Là aussi, le chef caquiste a échoué. La partielle a finalement été intéressante, suivie, commentée, couverte médiatiquement et a pris une envergure nationale.
Tant pis pour les vacances et la canicule, le taux de participation a flirté avec les 62 %.
Et ça, c’est la grande victoire démocratique de la soirée.
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