Millot et Diallo ont fait équipe, en 2022.
Le premier, Français d’origine établi à Sherbrooke depuis quelques années et ancien du circuit ATP, a dirigé le jeune Diallo,lors de ses premiers pas chez les pros.
Il était même à ses côtés lors de son premier triomphe en Challenger. C’était en 2022, à Granby.
Les deux ont échangé des messages textes après la victoire du Montréalais de 23 ans la fin de semaine dernière, sur le gazon de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas.
Une victoire qui l’a fait passer du 55e au 44e rang mondial.
Beaucoup de fierté pour Millot, qui a développé une belle relation avec le jeune talent québécois pendant les quelques mois lors desquels il l’a dirigé en 2022.
«La première chose qu’il m’a écrite, dimanche, après sa victoire, c’est: “tu l’avais prédit, lamille!”», rigole Millot, ancien joueur professionnel et responsable du volet tennis chez Gestion Loisirs Plus à Sherbrooke.
Au sous-sol
«Je me rappelle lorsqu’il est venu s’entraîner à Sherbrooke. On mangeait à la brasserie la Seigneurie et je lui ai dit qu’il avait le niveau pour gagner des tournois ATP rapidement, s’il y croyait. Il avait tout un protocole, un processus à suivre pour s’y rendre.»
Tennis Canada a contacté Vincent Millot en 2022. On voulait qu’il s’occupe d’une partie de l’équipe de la Coupe Davis et du programme de développement des professionnels.
«C’était nouveau et je voulais travailler avec eux. J’ai donc travaillé six mois avec Tennis Canada. J’ai pris en charge, avec Martin Laurendeau, le groupe de transition, les meilleurs jeunes qui veulent démarrer sur le circuit. Gabriel en faisait partie», se rappelle-t-il.
Tennis Canada avait déjà établi son plan d’entraînement pour l’été 2022.
«Gabriel venait de finir l’université. Je lui ai demandé ce qu’il allait faire et il a dit qu’il allait s’entraîner chez lui, tout seul! Je lui ai offert de venir à Sherbrooke et que j’allais l’encadrer, selon mon horaire chez Gestion Loisirs Plus».
Diallo était dans les 660es au monde, à l’époque.
«Il a vécu chez moi, dans mon sous-sol, pendant deux ou trois mois. Il a vécu avec la famille, mes enfants. Il suivait mon horaire de travail; on s’entraînait le matin très tôt. C’était assez exigeant, je jouais avec lui, et c’était assez difficile merci. Je le tenais pour les échanges de fond de terrain, mais à la minute qu’on a ajouté les services, j’ai pris une raclée !» rigole celui qui a été 135e mondial.
Mais le temps manquait pour le Français d’origine, qui aurait aimé poursuivre son association avec Diallo après 2022.
Une relation d’amitié s’est développée entre les deux hommes.
Un intellectuel de son sport
«Gabriel est ultra intelligent, ultraconcentré dans tout ce qu’il fait. C’est le genre de joueur que lorsque tu lui donnes un conseil, il te regarde dans les yeux et tu sais qu’il écoute. Il enregistre. C’est ce qui fait sa grande force.»
Gabriel Diallo est passé chez les pros officiellement en 2022. Rapidement, il a gravi les marches.
Il a atteint le troisième tour lors du US Open, l’automne dernier, et le deuxième tour lors de l’Open d’Australie et les Internationaux de France, toujours en Grand Chelem, cette année.
«C’est un joueur qui a besoin de confiance. Et une fois qu’elle est installée chez lui, ce qui est le cas en ce moment, il peut tout claquer. Il bouge super bien en fond de terrain, il a un service incroyable et il a un mental très fort. Il peut tout faire», dit Vincent Millot.
Diallo, 44e, se rapproche donc de Denis Shapovalov (31e) et de Félix Auger-Aliassime (27e) au classement de l’ATP.
«Félix et Shapo, ce sont des diamants. Gabriel, je le vois comme un intellectuel de son sport. Il est tellement intelligent dans la compréhension de son sport que ça l’amène au-dessus de la majorité des sports.»
Gabriel Diallo a encore de l’espace sous son plafond de développement, assure Vincent Millot.
«Il peut faire top-30 au monde, j’en suis certain. Avec ce que je vois, c’est très possible.»
«Il mérite tout ce qui lui arrive. J’ai été là au bon moment et je lui ai simplement offert ce dont il avait besoin. J’ai connu aussi les difficultés qu’il a vécues à l’époque ; la galère, les sous-sols des familles d’accueil en tournois, à l’extérieur. C’est pour ça que je le fais encore. Je veux redonner ce que j’ai reçu lors de mon parcours.»
Gabriel Diallo a poursuivi sur sa lancée, mardi, en remportant son premier match sur gazon au tournoi de Queens, à Londres.
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