Dans des lettres adressées cette semaine aux juges fédéraux de New York, plusieurs victimes ou leurs avocats ont déclaré qu’ils soutiendraient la publication des témoignages devant le grand jury ayant conduit à l’inculpation d’Epstein et de son ex-compagne, Ghislaine Maxwell, si le gouvernement acceptait de les autoriser à examiner ces documents et à expurger des informations sensibles.
Le ministère de la Justice a demandé au tribunal de prendre la mesure rare de rendre publiques les transcriptions de ce témoignage secret, notamment pour apaiser ceux qui pensent que le gouvernement a dissimulé certaines informations sur les méfaits d’Epstein.
D’autres victimes, quant à elles, ont accusé le président Donald Trump de marginaliser les victimes afin de détourner l’attention d’Epstein, qui s’est suicidé en 2019 alors qu’il attendait son procès pour abus sexuels sur mineures. Certaines craignaient que l’administration, soucieuse d’éteindre le scandale, n’accorde à Maxwell la clémence, l’immunité contre de futures poursuites ou de meilleures conditions de détention dans le cadre d’un accord visant à la contraindre à témoigner devant le Congrès.
«Je ne suis pas un pion dans votre guerre politique, a écrit une victime présumée dans une lettre remise au tribunal par son avocat cette semaine. Ce que vous avez fait et continuez de faire me ronge jour après jour, contribuant ainsi à perpétuer cette histoire indéfiniment.»
La commission de surveillance de la Chambre des représentants des États-Unis a convoqué l’ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary pour témoigner dans l’affaire du délinquant sexuel condamné Jeffrey Epstein, selon son site web.
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Une autre victime a ajouté, dans une lettre anonyme soumise mercredi: «Tout cela est très épuisant.»
Maxwell a été reconnu coupable en 2021 d’avoir aidé Epstein à abuser sexuellement de mineures et purge actuellement une peine de 20 ans de prison. Un haut fonctionnaire du ministère de la Justice, le procureur général adjoint Todd Blanche, a interrogé Maxwell pendant neuf heures à la fin du mois dernier, affirmant vouloir entendre tout ce qu’elle avait à dire sur les méfaits commis par Epstein ou d’autres personnes. Après cet entretien, Maxwell a été transférée d’une prison fédérale de Floride vers un camp de détention de faible sécurité au Texas.
Alicia Arden, qui a déclaré avoir été agressée sexuellement par Epstein à la fin des années 1990, a tenu une conférence de presse mercredi à Los Angeles. Elle a indiqué qu’elle soutiendrait la publication de documents supplémentaires liés à l’affaire, notamment une transcription de l’entretien de Maxwell avec Todd Blanche.
Elle a également exprimé son indignation face à la possibilité que Maxwell puisse bénéficier d’une grâce ou d’un autre traitement de faveur dans le cadre de cette procédure, ajoutant que l’approche du ministère de la Justice avait été «très perturbante» jusqu’à présent.
Des dossiers au cœur des rumeurs
L’administration Trump a dû faire face pendant des semaines à la fureur de certains segments de la base politique du président, qui ont exigé la divulgation publique des dossiers liés à Epstein. Epstein fait depuis longtemps l’objet de théories du complot en raison de ses liens avec des personnalités riches et puissantes, dont Donald Trump lui-même, le prince Andrew et l’ancien président Bill Clinton.
Le mois dernier, le ministère de la Justice a annoncé qu’il ne publierait pas d’autres dossiers liés à l’enquête sur le trafic sexuel impliquant Epstein.
Les procureurs ont ensuite demandé la publication des transcriptions du grand jury, bien qu’ils aient indiqué au tribunal qu’elles contenaient peu d’informations qui n’avaient pas déjà été rendues publiques. Deux juges, qui décideront de la publication des transcriptions, ont ensuite demandé aux victimes de donner leur avis sur la question.
Dans une lettre remise au tribunal mardi, les avocats Brad Edwards et Paul Cassell, qui représentent de nombreuses victimes d’Epstein, ont écrit: «Pour les survivants qui ont courageusement témoigné, le sentiment que Mme Maxwell est légitimée dans le discours public a déjà entraîné un nouveau traumatisme.»
L’avocat de Mme Maxwell, David Oscar Markus, a déclaré cette semaine s’opposer à la publication des transcriptions du grand jury.
«Jeffrey Epstein est mort. Ghislaine Maxwell ne l’est pas, a-t-il écrit. Quel que soit l’intérêt du public pour Epstein, cet intérêt ne saurait justifier une atteinte généralisée au secret du grand jury dans une affaire où l’accusé est en vie, ses recours juridiques sont valables et ses droits à une procédure régulière sont préservés.»
Le ministère de la Justice n’a pas répondu à une demande de commentaires sur les déclarations des victimes.
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