Le premier ministre Mark Carney a annoncé vendredi une hausse de la rémunération de 20% pour les soldats occupant un poste d’échelon 1 dans la force régulière de l’armée. Les réservistes et les membres de la force régulière qui se situent au 2e échelon, soit ceux qui ont le grade de capitaine de frégate ou de lieutenant-colonel, obtiendront une augmentation de 13%.
La hausse sera rétroactive au 1er avril.
Fen Hampson, un professeur de l’Université Carleton, expert en politique étrangère, affirme que la rémunération des membres des Forces armées aurait dû être augmentée il y a longtemps, particulièrement celle des soldats et des sous-officiers.
Selon lui, si le gouvernement compte dépenser plus d’argent pour la défense nationale, augmenter la rémunération «est une bonne façon de le faire».
Le Pr Hampson affirme qu’il est important pour les Forces armées canadiennes de «monter la barre salariale» afin d’encourager le recrutement. Il a fait valoir les problèmes de l’armée pour augmenter ses effectifs et les récents reportages faisant état d’une recrudescence du racisme et des comportements haineux au sein des rangs.
Il dit que la hausse des rémunérations, à elle seule, ne permettra pas au gouvernement fédéral d’atteindre les cibles de dépense déterminées par l’OTAN dans un contexte de ralentissement économique. Il cite notamment les données de Statistique Canada publiées vendredi indiquant une perte de 41 000 emplois au pays, le mois dernier.
En tout, les mesures annoncées vendredi représentent des dépenses annuelles de 2 milliards $, ont indiqué les responsables des FAC qui se sont adressés aux journalistes. Cette somme fera partie des 9,3 milliards $ que le gouvernement Carney a promis d’injecter en matière de défense. Cet investissement doit permettre d’atteindre, d’ici la fin 2025, l’une des cibles de l’OTAN, soit que les membres de l’organisation multilatérale dépensent l’équivalent de 2% de leur PIB en défense.
Le gouvernement a aussi annoncé qu’il bonifiait des primes offertes à divers membres des Forces armées canadiennes, comme à ceux qui doivent déménager fréquemment et à ceux qui sont éloignés de leur famille.
Ottawa accordera des indemnités de recrutement pour ce que le gouvernement appelle «les groupes professionnels sous-dotés». Ces membres recevront 10 000$ après avoir suivi l’instruction de base, 20 000$ une fois qualifiés dans leur métier, et 20 000$ à la fin du premier contrat, au moment de signer pour une nouvelle période de service.
Certaines catégories de poste ont un taux d’occupation inférieur à 75%.
Le PDGPDG de l’Institut canadien des affaires mondiales, David Perry, soutient que le gouvernement a pris une bonne décision sur le plan du recrutement.
Il ajoute qu’il a aussi bien fait en pondérant cette hausse des rémunérations. Selon lui, donner la même augmentation à tous les membres des Forces armées canadiennes n’aurait pas été une bonne utilisation des fonds supplémentaires.
Le ministre de la Défense nationale, David McGuinty, avait commencé à défendre l’idée d’une augmentation de 20 % au début de l’été. Les mesures annoncées vendredi par le premier ministre Carney n’impliquent une telle hausse que pour une partie des membres.
M. Perry dit que l’idée d’attirer des recrues dans les groupes professionnels sous-dotés en leur offrant des indemnités tangibles est bonne.
«Cela paraît sensé», lance-t-il.
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