10:00 am - 20 juin, 2025

Rien de surprenant là-dedans, même si c’était sa première mini-tournée du Québec. Avec la magie d’internet et des réseaux sociaux, celui qui vient tout juste de remporter le prestigieux Molière de l’humour a déjà beaucoup de fans ici. Et surtout, il n’est pas drôle, il est très drôle.

Mais il y a une raison pour laquelle vous n’avez pas lu de critique de son spectacle de Montréal mercredi. La gérance de l’humoriste a carrément refusé toute entrevue ou critique même si les promoteurs et producteurs québécois auraient probablement préféré une présence médiatique.

Mais vous savez, moi, quand on m’interdit de faire quelque chose, j’ai doublement le goût de le faire. Et pour ne pas mettre mes amis du Grand Théâtre et de District 7 Productions dans le trouble, j’ai décidé d’acheter mon billet en revente sur Marketplace d’une gentille dame de Mascouche plutôt que de les embêter à demander des billets de faveur.

L’un des meilleurs

Bref, comme environ 2400 chanceux (c’était à guichet fermé partout depuis un an!) j’ai ainsi pu assister à l’un des meilleurs spectacles d’humour cette année à Québec. Sans exagération.

Dans un décor dépouillé avec des dizaines de ballons gonflés à l’hélium en forme de cœurs, l’humoriste de 29 ans débute avec quelques références à son arrivée au Québec. Comme le test de drogue qu’il a reçu quand il est arrivé à l’aéroport. «On m’a demandé, avez-vous de la drogue? Non! C’était ça, le test!»

Il se moquera aussi un peu des spectateurs des deuxième et troisième balcons. «À partir de là, vous savez pas si c’est moi ou Angèle» (la blonde chanteuse française arbore une coupe de cheveux qui rappelle une peu celle de Mirabel.)

Sans exagérer, il glissera aussi quelques références culturelles dans son spectacle, comme Piere-Luc Funk, Hélène Boudreault ou alors il parlera de sa “graine” dans la langue de Mike Ward plutôt que de sa bite ou de sa teub comme il le fait normalement.

Territoire salace

Car même si Mirabel mise beaucoup sur l’autodérision et parle beaucoup de sa vulnérabilité et de ses peurs, il peut aussi lui arriver de s’aventurer en territoire salace.

Comme quand il raconte ce rendez-vous chez un urologue qui l’a reconnu au moment où il avait la main vous savez où! Ou alors lorsqu’il dit que les femmes le voient comme Mickey: «Les gens ont envie de prendre une photo avec lui, mais personne a envie de sucer Mickey!»

On aime aussi quand il joue avec les mots. Comme à cette fan qui lui demande un “orthographe” à qui il répond: «Ce que vous me demandez, c’est exactement ce qui manque dans votre phrase!»

Son humour sur les relations de couple touche aussi la cible. Par exemple, parce que sa copine est jalouse et refuse qu’il parle à d’autres femmes, il nous raconte que sa voisine croit qu’il est sourd-muet depuis des mois.

Ou alors cet épisode tordant où il se fait voler son cellulaire en Thaïlande par un singe… à la retraite ou quand il se met à improviser un peu avec une spectatrice vraiment beaucoup trop mêlée quand elle raconte sa demande en mariage.

Touchant

Mais Mirabel sait aussi être touchant dans son humour, notamment quand il parle de sa grand-mère qui avait cinq nazis dans son salon ou de son petit frère autiste.

Ou alors dans le numéro, vers la fin des quelque 90 minutes du spectacle, où il raconte sa thérapie après une rupture.

On sent énormément sa vulnérabilité dans ce segment qui comporte quelques moments drôles mais qui nous ramène surtout à notre humanité, à nos vulnérabilités à nous.

Alors pourquoi?

Ce qui m’amène à la question dans le titre de cet article. Paul Mirabel n’est pas du genre à refuser de parler de ses peurs. Loin de là, il les utilise brillamment pour bâtir ses spectacles.

J’aurais alors peut-être dû demander de quoi a peur la gérance de Paul Mirabel en refusant les critiques de ses spectacles au Québec? Car si sa gérance les avait acceptées, il en aurait eu beaucoup, et toutes dithyrambiques, j’en suis convaincu. Le gars est bon à ce point-là.

Dernière chance vendredi soir à Sherbrooke de le voir en spectacle au Québec en 2025, mais c’est aussi déjà complet (il reste toujours Marketplace…).

Mais rassurez-vous, avec le tabac qu’il vient de faire dans la Belle Province, il reviendra en 2026 à la Place Bell de Laval et au Centre Vidéotron de Québec. Alors arrangez vous pour ne pas le rater à ce moment-là!

Paul Mirabel est en spectacle au Théâtre Granada de Sherbrooke vendredi soir.

Lire l’article original ici.

Le Soleil est un quotidien francophone de Québec. Fondé le 28 décembre 1896, il est publié en format compact depuis avril 2006.

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