Une conférence de haut niveau s’est tenue ce mardi 17 juin 2025 à Dakar, autour du thème : « Démocratiser l’économie : un horizon de réinvention des modèles économiques au service d’une démocratie substantive en Afrique ». Organisée par la Fondation de l’Innovation pour la Démocratie, la rencontre a réuni des penseurs influents du continent et d’ailleurs, dont Felwine Sarr, Achille Mbembe, Mame Penda Ba, Eloi Laurent, Nadine Machikou, Geneviève Pruvost, entre autres.
Économie du bien-être et espace démocratique
L’économiste et philosophe Felwine Sarr a insisté sur la nécessité de repenser la structure économique non pas comme un ordre autonome, mais comme un instrument politique au service d’un bien-être collectif.
« Ainsi, l’ordre économique n’est pas un ordre à part, mais il doit être configuré de manière à répondre à des finalités politiques choisies. L’ordre économique n’est pas une entité autonome qui impose des choix de société. Les choix autonomes doivent être faits dans un espace démocratique et une fois qu’ils sont faits, on inverse la logique et on inverse l’ordre de priorité (économie politique, durabilité, bien être…) », a-t-il expliqué.
Selon lui, l’économie doit être reconfigurée pour répondre à des finalités politiques choisies démocratiquement.
« L’espace qui permet de délibérer et d’honorer ce choix, c’est la société démocratique et l’Etat de droit (…) L’ordre économique redevient un ordre du savoir et du savoir faire juste coordonner à des ordres économiques, politiques que la société estime souhaitable ou préférable », a dit l’enseignant-chercheur à Duke university.
Mame Penda Ba : « Une classe moyenne qui pose problème »
De son côté, la politiste à l’UGB (Université Gaston Berger), Mame Penda Ba, a dénoncé le système économique africain actuel qu’elle qualifie « d’inégalitaire et violent ».
Elle a appelé à un questionnement radical, pour faire émerger une prise de conscience citoyenne face à l’opacité de la finance mondialisée.
« Je pense qu’il faut poser des questions radicales de sorte à ce que ceux qui nous dirigent ou notre société civile soyons en mesure de comprendre de manière très simple l’urgence et la radicalité de la réponse que nous devons avoir », a-t-elle martelé.
Selon elle, la solution passe par la construction d’une classe moyenne engagée, qui ne soit pas seulement consumériste, mais consciente des enjeux écologiques et sociaux.
« C’est qu’il nous faut forger une masse de plus en plus large de la classe moyenne. La classe moyenne que nous sommes en train de construire en Afrique, c’est un immense problème. Une classe moyenne globale, c’est-à-dire consumériste absolument pas engagé sur les questions écologiques qui ne posent pas la question du bien vivre qui encore une fois face à des rivalités s’enferment », a assuré Mame Penda Ba.
La politiste réclame une rupture nette avec les logiques néolibérales qui dominent l’Afrique depuis trop longtemps.
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