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« La presse n’est pas un appendice de l’État. Elle est le souffle même de l’espace public », a d’emblée déclaré Moustapha Cissé.
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Selon lui, les entreprises de presse suffoquent sous les dettes, privées de ressources stables, exclues des commandes publiques, et négligées dans les politiques de soutien économique. « Nombres d’entre elles sont menacées de liquidation », a-t-il prévenu.
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Et d’ajouter : « Le fonds d’appui est inopérant, les contrats de publicité ont été annulés sans mécanisme compensatoire. Les créances dues par l’Etat sont restées en suspens ».
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Sur le plan humain, le secrétaire général du Synpics a dressé un tableau sombre. Il a dénoncé le licenciement massif, des salaires impayés, de la couverture sociale inexistante, de la démotivation profonde, fuite des compétences et des journalistes expérimentés abandonnent la profession pour survivre.
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« Il y a dans ce paysage un exode silencieux, un désenchantement républicain, un effritement du devoir d’informer. L’immobilisme face à cette situation n’est plus neutre, il devient complice. Ce que le CAP, aujourd’hui, soutient devant vous et avec vous, c’est qu’il est encore temps de corriger la trajectoire, mais il ne reste pas beaucoup de marge », a-t-il alerté.
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Selon lui, la « presse ne se reforme pas à coup de slogan, elle se relève par des actes dans un cadre juridique adapté par des institutions fortes, par des instruments financiers solides par une volonté politique claire. Le chantier est immense, mais il est connu. Il n’y a plus de prétexte à l’inaction ».
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Les réformes nécessaires
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Le Secrétaire général a insisté sur le fait que les réformes ne peuvent plus attendre. Il a évoqué l’obsolescence du code de la presse, adopté en 2017.
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« Le code de la presse est obsolète. Adopté en 2017 sur un texte de 2010, il n’intègre ni les réalités du numérique ni les mutations sociologiques, ni les transformations du paysage médiatique mondial ».
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Pire, dit-il, il « contient encore des articles qui permettent de restreindre la liberté de la presse au lieu de la garantir. Il faut le refondre intégralement dans la transparence avec l’ensemble des parties prenantes ».
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Cissé a également déploré le manque de régulation et d’autonomie des institutions actuelles, comme le CNRA (Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel), et a demandé la mise en place d’une institution unique, indépendante et crédible pour superviser tous les supports médiatiques. « Il est urgent d’installer une institution qui puisse agir sur l’ensemble des supports dans le respect des droits fondamentaux », a-t-il affirmé.
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« La presse mérite un statut fiscal spécifique »
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Pour Moustapha Cissé, le financement du secteur aujourd’hui fragmenté et aléatoire doit être repensé. « Il faut un programme national de mise à niveau des entreprises de presse adossé au bureau de mise à niveau », a assuré le SG du Synpics.
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Selon lui, l’asphyxie fiscal doit cesser. « La presse n’est pas un commerce quelconque. Elle est un secteur de souveraineté, elle mérite un statut fiscal spécifique comme ceux accordés à l’enseignement, à l’agriculture ou à la santé. Cela implique des exonérations ciblées, un étalement des dettes, un accès facile au crédit d’équipement », a-t-il soutenu.
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Il a plaidé pour la création d’un fonds spécial pour la transformation technologique des médias, visant à financer l’acquisition de matériel moderne, la sécurisation des données et la formation aux nouveaux formats.
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