«C’est un projet qui nous tient vraiment à cœur», a souligné M. Carré en marge d’une conférence de presse qui a eu lieu lundi matin dans une salle bondée de gens d’affaires, d’élus et d’intervenants touristiques.
Une analyse du Cabinet Blouin comptables professionnels agréés de Rimouski a démontré que de réels besoins justifiaient l’acquisition d’un navire avec une plus grande capacité que l’ancien navire qui a assuré la liaison pendant 24 ans, le CNM Évolution. En tout, 10 bateaux construits à partir de 2018 ont été choisis. Après s’être rendu en Europe pour réaliser des inspections techniques, le choix de M. Carré s’est arrêté sur un navire construit l’an dernier. Puisqu’aucun contrat de vente n’est encore paraphé, il se garde bien de fournir son nom et sous quel pavillon il bat.
Ce bateau peut prendre à son bord 90 véhicules et 300 passagers, tandis que le CNM Évolution pouvait accueillir 40 véhicules et 150 passagers. Il peut aussi y entrer 14 camions-remorques. D’une longueur de 265 pieds (80,8 mètres) et d’une largeur de 52 pieds (15,8 mètres), le navire est à double entrée, c’est-à -dire qu’il n’a ni proue ni poupe. «L’un des plus gros avantages de ce bateau, c’est qu’il n’y a pas de manœuvres à faire, a indiqué Louis-Olivier Carré. Il arrive toujours à quai dans le bon sens. Il présente donc une efficacité sur le plan de l’accostage.»
La durée de la traversée est estimée à un peu moins de deux heures. Comme le navire n’est pas conçu pour naviguer dans les glaces, sa période d’opération serait de mai à octobre.
Ce traversier a été choisi parce qu’il n’a pas besoin de réparations et qu’il s’approche des normes canadiennes, selon le président des Industries Rilec.
Service essentiel
M. Carré l’a répété plus d’une fois: il s’agit d’un service essentiel à la population. Il croit ainsi que, pour que la traverse redémarre, le risque financier doit être partagé entre son entreprise et le gouvernement. S’il a essuyé un refus à sa demande de soutien financier, le promoteur se réjouit d’avoir quand même reçu une bonne nouvelle: un mandat officiel a été confié à la Société portuaire du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie pour l’installation d’une traverse au quai de Rimouski.
L’homme d’affaires ne peut s’empêcher d’espérer qu’une avenue puisse être sérieusement discutée avec le gouvernement pour dénouer l’impasse «afin de rendre possible ce lien humain et économique essentiel pour le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord». «C’est un lien qui est important pour la vitalité socioéconomique de nos régions», a-t-il martelé. Pour l’entreprise de Rimouski, l’intérêt de ce projet ne consiste pas seulement à donner à la population des deux rives un service de traversier, mais aussi un service qui sera complémentaire aux traverses actuelles.
Pour le retour du service en 2026, comme le souhaite M. Carré, il faudrait que le bateau arrive au plus tard à la fin septembre à Rimouski. D’ici ce temps, le promoteur espère donc convaincre le gouvernement. S’il n’a pas d’engagement ferme d’une subvention nécessaire à son achat d’ici un mois, le bateau retournera sur le marché. Si Québec reste sur sa décision, la population devra faire son deuil de la traverse, croit le promoteur.
Débarcadères
Selon M. Carré, le réaménagement des débarcadères de Rimouski et de Forestville représentera un défi, mais sera réalisable. «Du côté de Forestville, ce sera plus facile que du côté de Rimouski parce que le quai appartient à la Ville. Donc, les enjeux sont beaucoup moins grands. À Rimouski, [le défi] est de savoir comment la rampe d’embarquement pourra être intégrée au quai.»
Selon les firmes qu’il a consultées, l’homme d’affaires estime qu’il pourrait en coûter d’un demi-million à un million pour le réaménagement de ces rampes. Les frais pourraient être assumés par la Corporation de liaison maritime Rimouski-Forestville, qui aura normalement la responsabilité de ces équipements.
Les élus réagissent
Le maire de Rimouski accueille favorablement le projet. Étant donné que l’ancien propriétaire de l’entreprise qui assumait le service de liaison, Hilaire Journault, avait déjà reçu des subventions pour les infrastructures et les mises à niveau de son traversier, Guy Caron nourrit beaucoup d’espoir que le gouvernement puisse avancer les sommes nécessaires à la relance du service. De plus, cette traverse pourrait venir en relève lorsque l’une des navettes fluviales n’est pas en fonction, croit-il.
«Ça fait déjà plus d’un an qu’on travaille avec M. Carré pour aller de l’avant dans le projet, souligne le maire Caron. On est emballé par la viabilité du projet et par la vision du promoteur. Il faut maintenant avoir les moyens pour le réaliser.»
La mairesse de Forestville et préfète de La Haute-Côte-Nord s’est dite contente de constater la mobilisation du milieu autour du projet. «C’est un signal clair que c’est un service qui est vraiment essentiel entre nos deux rives», a soutenu Micheline Anctil.
Selon elle, ce projet n’est pas que pour Forestville, mais plutôt pour toute la Côte-Nord et les régions limitrophes, que ce soit Charlevoix ou le Saguenay-Lac-Saint-Jean. «C’est un levier de développement économique et touristique. C’est aussi nécessaire pour l’accès à des soins de santé et aux services éducatifs.»
De l’avis de l’élue, ce service de traverse a fait ses preuves pendant les 24 ans où le navire NM Évolution a assuré la liaison entre les deux rives. «C’était performant et les gens étaient satisfaits.» Par conséquent, Mme Anctil presse le Québec de soutenir financièrement le projet. «Ce serait un juste retour pour la Côte-Nord qui, avec toutes ses ressources naturelles, contribue à l’économie du Québec.»
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