En voyage, si on n’est pas adepte de «dry tripping», ou de voyage sobre, prendre un verre ouvre les portes de traditions et permet de plonger dans la culture locale de manière insoupçonnée.
Il peut aussi s’agir d’un moyen de socialiser avec la population locale ou de déconnecter d’avec le monde qu’on a laissé derrière, le temps de quelques lampées.
Sans ordre de priorité aucun, je vous propose cinq destinations d’où vous serez peut-être tenté de ramener une bouteille (ou deux) à la maison.
Les Açores pour le gin
Originale, inusitée, la bibliothèque de gin, ou Gin Library, à Ponta Delgada, sur l’île de São Miguel, aux Açores, ne ressemble à aucune autre expérience. C’est qu’au lieu de miser sur une seule étiquette, la sienne, le propriétaire Ali Bullock offre une énorme liste de gin à ses clients.
S’il vaut mieux réserver avant de se pointer dans l’exigu bar à gin, on en ressortira avec 1000 histoires à raconter. C’est bien moins que le nombre de bouteilles que possède M. Bullock, un peu plus de 2060, ce qui en ferait selon lui la plus grande collection de gin au monde.
Les visiteurs peuvent contribuer à la collection en apportant une bouteille, pleine et jamais ouverte, évidemment, qui ne figure pas dans la liste publiée sur le site de la Gin Library. En échange, vous obtiendrez une bouteille du gin que concocte lui-même Ali Bullock.
Mais pendant que vous y êtes, il faudra vous prélasser sur sa terrasse ou réserver pour un souper au sushi.
Le Brésil pour la cachaça
Mon passage au Brésil remonte à plus d’une décennie. Mais j’ai encore bien frais en mémoire ma visite à la distillerie de cachaça, dans les montagnes de la région de Paraty. J’avais alors visité les installations d’Alambique Cachaça Pedra Branca… en pleine randonnée équestre.
La cachaça, fabriquée avec le jus de la canne à sucre, est moins transformée que le rhum. Mais on peut s’en servir pour le mojito, ou pour la traditionnelle caïpirinhia.
À Pedra Branca spécifiquement, on nous montre le processus pour extraire le jus des cannes à sucre. On nous avait même fait goûter la cachaça pure, bien décapante, avant de nous offrir des versions aromatisées au caramel, au gingembre ou à la cannelle.
Si votre tolérance à l’alcool vous le permet, vous pourriez vous offrir une tournée des distilleries comme on s’offre une virée dans les vignobles, sur la route des vins.
L’Irlande pour la bière
Pour la bière, on se tournera immanquablement vers l’Irlande. Quoique l’Allemagne, avec ses «beer gardens», ne donne pas sa place non plus.
Mais qu’on soit à Dublin ou Galway, on finira assurément la soirée dans un pub à siroter une Guinness. Là, pas besoin de connaître qui que ce soit : on entre, on s’assoit, et quelqu’un nous adressera sûrement la parole. On réalisera quelques heures plus tard combien le temps a passé.
Bien entendu, à Dublin, les amateurs de bière foncée partageront leur temps entre le quartier de Temple Bar, connu pour ses débits de boisson, et la mythique Guinness Storehouse, un musée qui nous entraîne dans la fabrication de l’emblématique boisson irlandaise.
L’exposition est suffisamment bien construite pour offrir quelques perles de divertissement, comme les vieilles publicités exploitant des jeux de mots qui font encore sourire aujourd’hui.
Tout au bout du circuit, le Gravity Bar offre une consommation gratuite, qu’on a en fait payée dans le prix d’entrée. On peut la siroter avec une vue à 360 degrés.
La Martinique et Porto Rico pour le rhum
Je sais, je triche un brin. Mais en matière de rhum, deux îles pas très loin l’une de l’autre offrent des expériences bien différentes.
À Porto Rico, c’est chez Bacardi que ça se passe, directement à San Juan. On peut opter pour un tour historique, dans lequel on apprendra l’origine de la chauve-souris dans le logo, notamment, ou encore comment le mojito a été inventé. Mais on peut plonger encore plus dans l’expérience en s’offrant un cours de mixologie.
Rien de bien compliqué, parce qu’on arrivera facilement à maîtriser la concoction du Cuba Libre, autrement appelé rhum and coke, ou du daïquiri. Prévoyez un chauffeur désigné ou un peu de temps pour cuver vos réalisations.
En Martinique, on se vante de produire un rhum dans lequel on goûtera le parfum des fleurs de l’île. Surtout, on jouit d’une appellation contrôlée pour le rhum agricole, qui implique une traçabilité jusqu’au champ de canne.
Là, l’expérience est davantage collée sur la réalité quotidienne que sur la volonté commerciale d’exploiter une marque populaire.
La France pour son vin, son Armagnac et sa Bénédictine
Comment s’offrir un verre à l’international sans penser à la France? Comme pour sa gastronomie, l’offre d’alcool est bien diversifiée. De quoi se donner des airs de lendemain de veille avant même d’avoir bu une goutte.
C’est que l’on connaît la fierté et le patriotisme des Français pour leur terroir. Chaque vignoble est donc le fruit d’une épopée, d’une dynastie ou d’une connaissance approfondie des sols et des particularités climatiques.
Vous penserez peut-être à Bordeaux. Mais suffit de demander pour trouver du bon vin partout. Dans le Vignoble de Nantes, par exemple, la plus vieille exploitation date du 8e siècle. Juste ça.
On trouvera des histoires semblables au nord, à Fécamp, où le Palais Bénédictine est en fait une distillerie commandée par le marchand de spiritueux Alexandre Le Grand. Il s’agit du même coup de la seule distillerie de la liqueur Bénédictine, qui regroupe un savant mélange de 27 herbes et épices. Délicieux.
Au sud, en Occitanie, on craquera peut-être pour l’Armagnac, dont l’histoire recoupe celle du mousquetaire d’Artagnan. La Compagnie des Mousquetaires d’Armagnac a d’ailleurs la mission de promouvoir à la fois l’Armagnac et la mémoire de d’Artagnan. Au Domaine d’Arton, par exemple, on peut discuter avec les descendants de Charles de Batz de Castelmore… dit d’Artagnan.
Et si ça ne suffit pas, passez par Marseille pour vous offrir quelques gorgées de pastis.
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